Présentation stratégique du projet annuel de performances |
Philippe Vinçon |
Directeur général de l'enseignement et de la recherche |
Responsable du programme n° 142 : Enseignement supérieur et recherche agricoles |
L’agriculture, l’agroalimentaire et la forêt occupent une place de premier plan dans la culture et l’économie françaises. La mission de l’enseignement supérieur et de la recherche agricoles est d’assurer la production et la diffusion de connaissances nouvelles, ainsi que le développement et l’actualisation des compétences des acteurs privés et publics nécessaires pour relever les enjeux majeurs en matière d’agriculture et d’alimentation. Ces derniers sont au cœur des préoccupations des citoyens et des États, concernant directement leur sécurité (sécurité alimentaire, émeutes de la faim, conflits autour des terres agricoles et de l’usage de l’eau, émergences de nouvelles maladies infectieuses d’origine zoonotique, etc.) et leurs conditions et durée de vie. L’un des principaux défis est de nourrir 9 milliards d’individus à l’horizon 2050 dans des conditions respectueuses de l’environnement et de la santé.
Les objectifs stratégiques du programme sont d’attirer des étudiants motivés, aux profils et origines sociales diversifiés, qui constitueront les responsables, les entrepreneurs et les innovateurs de demain ; d’assurer qu’ils bénéficient de modalités et de programmes de formation adaptés à leurs besoins et aux enjeux précités ; et de renouveler les chercheurs et enseignants, pour qu’ils diffusent l’innovation dans les exploitations agricoles et les industries, et entretiennent des liens durables au sein du réseau constitué avec les établissements d’enseignement supérieur et de recherche agricoles.
Ce réseau regroupe les moyens destinés à assurer la formation d’ingénieurs, de paysagistes, de cadres spécialisés, d’enseignants, de chercheurs et de vétérinaires ; mais également à soutenir la cohérence et la valorisation de la recherche, le développement d’outils et le transfert de connaissances et de technologies pour l’agriculture, l’agroalimentaire, la bio-économie, la forêt, l’aménagement et la santé animale.
La conduite du programme s’articule donc autour de trois grands axes stratégiques : la qualité des formations, l’efficience de l’organisation des écoles et la valorisation de la recherche.
L’enseignement supérieur agricole est constitué d’un réseau de dix-huit établissements (douze établissements publics et six établissements privés sous contrat avec l’État) qui assurent, dans le cadre des cursus de référence, des formations d’ingénieurs, de vétérinaires et de paysagistes mais qui disposent aussi d’une offre de formation licences, masters, doctorats (LMD). Il est complété par l’Institut agronomique méditerranéen de Montpellier (IAMM). Ces établissements accueillent ainsi plus de 16 500 étudiants dont 14 100 en cursus de référence et près de 60 % dans les établissements publics. Ces derniers forment également les cadres supérieurs techniques du ministère ainsi que les professeurs de l’enseignement technique agricole public. Ces établissements ont vocation à accueillir 2 700 étudiants supplémentaires à l’horizon 2024 pour tenir compte de l’augmentation démographique du nombre d’étudiants.
La visibilité et la reconnaissance des formations et des travaux de l'enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et de paysage sont reconnues et se traduisent notamment par les places obtenues dans les classements thématiques internationaux en 2019.
L’enseignement supérieur agricole est par nature un enseignement professionnalisant, dont l’efficacité est mesurée par l’objectif n°1 du programme. Des parcours et des référentiels de formation adaptés aux besoins et à la diversité des étudiants (travaux pratiques, projets, stages en milieu professionnel, apprentissage, innovations pédagogiques, etc.) sont établis sur la base des besoins et enjeux du secteur et d’échanges réguliers avec les opérateurs socio-économiques concernés. Il en résulte un taux net d’emploi à 12 mois dépassant 90 % pour les diplômés de l’enseignement supérieur agricole, dont plus de 70 % en CDI.
Concernant la recherche et le transfert de technologie, les deux organismes publics de recherche que sont l’Institut national de recherche agronomique (INRA) et l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (IRSTEA), les instituts techniques agricoles et agro-industriels fédérés respectivement au sein des réseaux de l’association de coordination technique agricole (ACTA) et de l’association de coordination technique pour l’industrie agroalimentaire (ACTIA), ainsi que les établissements d’enseignement supérieur agricole sont mobilisés pour contribuer à la mise en œuvre des politiques agricoles françaises. Le Plan « Agriculture – Innovation «2025 », a fixé des orientations de recherche, d’innovation et de formation structurées autour de cinq grandes thématiques pour la décennie à venir : agroécologie, bioéconomie, biocontrôle, biotechnologies végétales et agriculture numérique – agroéquipements.
La feuille de route du Ministre de l’agriculture et de l’alimentation prévoit le rapprochement de l’INRA et de l’IRSTEA (effectif au 1er janvier 2020), ainsi que des écoles d’agronomie d’une part, et des écoles vétérinaires d’autre part. Par la constitution d’ensembles homogènes, il s’agit de renforcer la visibilité et l’attractivité de la France sur les questions d’agriculture, d’alimentation, d'environnement et des sciences du vivant, en faisant jeu égal avec Wageningen aux Pays-Bas, ou Davis ou Cornell aux USA, centres de référence sur ces questions et d’opérer les grandes mutations nécessaires face aux nouveaux défis (augmentation des effectifs étudiants, adaptation aux besoins du monde économique et des filières, projection à l'international, transformation numérique et pédagogique, ouverture à de nouveaux métiers, etc.).
L’enseignement supérieur agricole est, véritablement, socialement ouvert et accessible, notamment à partir de l’enseignement agricole secondaire, pour des jeunes souvent issus de milieux ruraux – et socialement peu favorisés (le taux de boursiers dans l’enseignement supérieur long agricole dépasse 30 % et s’approche même de 40 % dans les établissements publics). C’est le résultat d’une politique active de pilotage des concours nationaux d’accès aux écoles publiques de vétérinaires et d’ingénieurs en faveur de la diversité des voies d’accès à l’enseignement supérieur agricole. Le développement de la voie de formation d’ingénieurs par apprentissage, outre son intérêt pédagogique, contribuera également au même but d’ouverture sociale. Par ailleurs, le ministère conduit une politique active de mobilité des étudiants à l’international.
Le projet d’implantation des 4 sites franciliens d’AgroParistech et des laboratoires associés de l’INRA sur le plateau de Saclay dans la perspective de création d’un campus d’excellence à visibilité internationale est une priorité stratégique, elle est entrée dans sa phase opérationnelle pour une mise en service à la rentrée 2021. La mise en œuvre du nouveau schéma directeur immobilier de l’École nationale vétérinaire d’Alfort, se poursuit avec la construction d’un hôpital bovins et du bâtiment recherche. Dans le cadre du Contrat de plan État-Région 2015-2020, notamment, le programme 142 finance également l’entretien, dont la mise aux normes en matière de sécurité, ainsi que le renouvellement du patrimoine immobilier et scientifique des établissements publics d’enseignement supérieur, de façon à préserver la qualité des implantations dans les régions et métropoles.
Enfin, d’autres actions concourant notamment à la réalisation de l’objectif n°2 du programme, relatif à l’organisation des formations dans des conditions optimales de coût et de qualité de service, seront mises en place, afin de poursuivre la modernisation du pilotage des établissements d’enseignement supérieur, en développant le contrôle interne et la comptabilité analytique, et en développant la contractualisation d’objectifs et de performance, dans le cadre de la mise en œuvre du décret n°2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion budgétaire et comptable publique (décret GBCP) depuis le 1er janvier 2016.
L'enseignement supérieur agricole s'insère dans les regroupements territoriaux instaurés par la loi n°2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l'enseignement supérieur et à la recherche ainsi que dans les dispositifs du programme d'Investissement d'avenir (PIA) : les établissements sont ainsi membres à part entière, ou associés pour ceux du site toulousain, des Communautés d’universités et établissements (COMUE) et participent à la mise en place des Initiatives d'excellence (Idex) et Initiative-Science-Innovation-Territoire-Économie (I-SITE) retenus.
Récapitulation des objectifs et indicateurs de performance |
Objectif | Former des ingénieurs, des vétérinaires et des paysagistes répondant aux besoins des milieux économiques, formés aux pratiques de la recherche et ouverts sur l'international |
Indicateur | Taux d'insertion des diplômés |
Objectif | Organiser les formations dans des conditions optimales de coût et de qualité de service |
Indicateur | Coût unitaire de formation par étudiant pour l'Etat (cursus de référence) |
Objectif | Développer la valorisation de la recherche vers les secteurs professionnels et l'appui aux politiques publiques |
Indicateur | Nombre d'expertises rendues / nombre de demandes d'appui aux politiques publiques |