Bilan stratégique du rapport annuel de performances |
Edouard GEFFRAY |
Directeur général de l'enseignement scolaire |
Responsable du programme n° 141 : Enseignement scolaire public du second degré |
Dans le second degré, l'ambition du ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports (MENJS) est de permettre à chaque élève de développer l'ensemble de ses potentialités, d'atteindre l'excellence tout au long de son parcours de formation et d'acquérir les prérequis nécessaires à la réussite de ses études et à son insertion professionnelle.
Cette ambition d’élévation générale du niveau des élèves, associée à davantage de justice sociale, s'inscrit dans les réformes mises en œuvre dès le premier degré de l’enseignement scolaire en traitant les inégalités à leur origine et se trouve renforcée dans le second degré.
La loi n° 2019-791 du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance donne de nouveaux leviers législatifs aux acteurs du ministère. Elle propose davantage de marges d'action aux acteurs de terrain afin d'enrichir les enseignements au collège, de faire de l'enseignement professionnel une voie d'excellence et, de façon générale, de mieux orienter, former et attester des acquis à la sortie du lycée, par la modernisation de l'offre de formation et du baccalauréat.
Cette ambition est centrale car, si le niveau global des qualifications des élèves tend à augmenter chaque année, des progrès restent à accomplir. Les résultats aux évaluations nationales et aux enquêtes internationales (CEDRE 2018, PIRLS 2016, TIMMS 2019) montrent en effet que les performances des élèves français en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences sont insuffisantes et très inégales entre les meilleurs élèves et ceux qui rencontrent des difficultés.
Afin d’élever les performances scolaires des élèves, tout en en diminuant l’hétérogénéité, de nouvelles mesures sont déployées au collège et au lycée depuis la rentrée scolaire 2017, renforcées en 2018 et 2019 ou mises en application en 2020 pour « conduire le maximum de jeunes aux niveaux de compétences attendues en fin de formation initiale et à l'obtention des diplômes correspondants » (objectif 1).
Accompagner tous les élèves vers leur réussite et enrichir leurs acquis
Scolariser et faire réussir tous les élèves, quels que soient leur lieu et leurs conditions de vie, qu'ils soient ou non en situation de handicap, constitue un enjeu majeur pour renforcer la performance de notre système éducatif et le rendre plus équitable.
Près de 183 500 élèves en situation de handicap étaient scolarisés dans le second degré public à la rentrée 2020, soit une augmentation de plus de 20 % en un an. Leurs parcours scolaires se diversifient et s’allongent. Priorité de l'action gouvernementale, le renforcement de l’école inclusive fait l’objet d’un ensemble de mesures importantes dans la loi n° 2019-791 du 26 juillet 2019. Depuis la rentrée 2019, chaque département est doté d’un service public de l’école inclusive qui, au-delà des missions pédagogique et d’accueil des familles, assure la mise en œuvre de l’accompagnement des élèves en situation de handicap et la gestion des accompagnants exerçant dans les écoles et les établissements scolaires. Cette nouvelle organisation s’appuie sur des pôles inclusifs d’accompagnement localisé (PIAL) et vise à mieux répondre aux besoins de chaque élève afin de développer son autonomie et l’acquisition des connaissances et compétences du socle commun. Ce nouveau service public de l’école inclusive et ces pôles sont déployés (env. 3 000 sur l’année 2019-2020) de façon équilibrée sur tout le territoire. Ils permettent une plus grande réactivité dans l’organisation de l’accompagnement humain. Les créations d’unités localisées pour l'inclusion scolaire (ULIS) en collèges et lycées se poursuivent par ailleurs.
Le travail personnel est important pour la réussite de la scolarité mais les devoirs peuvent être une source d'inégalités entre les élèves et peser sur la vie de famille. Pour résoudre cette difficulté, le dispositif « Devoirs faits », déployé depuis l'automne 2017, permet à tous les collégiens volontaires de bénéficier d’un temps d’étude accompagnée pour réaliser leurs devoirs. En s’adressant à tous, sans se limiter aux élèves en difficulté, le dispositif « Devoirs faits » contribue à garantir la justice sociale pour les élèves dont les familles ne disposent pas des ressources ou du temps nécessaire, et accompagne les élèves vers la réussite. Il s'articule avec les différentes offres d’accompagnement existant au collège (pédagogique, personnalisé, et celui dont bénéficient les élèves en situation de handicap) et au lycée (tutorat, stages de remise à niveau, passerelles et de langues).
La maîtrise des compétences du socle commun en français et en mathématiques constitue la condition essentielle au déroulement d’un parcours scolaire réussi. À cet égard, le collège a vocation à proposer à chaque élève un parcours qui lui permette de consolider sa maîtrise des fondamentaux et d’enrichir sa culture, quels que soient les territoires. Les programmes du collège sont clarifiés depuis la rentrée 2018 pour que les élèves puissent approfondir leur compréhension de la langue par des cours de grammaire, d’orthographe et de conjugaison, et maîtriser les enjeux de la démonstration mathématique. Ces ajustements s’accompagnent de l’entrée en vigueur à la rentrée 2019 des repères annuels de progression en français, mathématiques et enseignement moral et civique ainsi que des attendus de fin d’année en français et en mathématiques qui, tout en préservant la cohérence des cycles, précisent ce qui doit être acquis à la fin de chaque année scolaire du CP à la classe de 3ème. Les difficultés de lecture et de maîtrise de la langue constituant la première des inégalités, la pratique quotidienne de la lecture se poursuit jusqu’au cycle 4 pour tous les élèves, en ménageant des temps collectifs de lecture personnelle à partir d'ouvrages librement choisis.
Depuis la rentrée 2017, les professeurs se réfèrent aux résultats, objectifs et fiables, des évaluations à l’entrée en 6ème pour affiner leur connaissance des compétences de leurs élèves en français et en mathématiques, anticiper sur les attendus de fin de cycle 3 et mettre en place les dispositifs et les méthodes pédagogiques les plus efficaces pour soutenir au mieux, c’est-à-dire selon leurs besoins, tous les élèves.
Mieux accompagner les choix d’orientation
Depuis la rentrée 2019, le lycée français connaît une rénovation en profondeur et chaque élève bénéficie d’un accompagnement afin d’élaborer son propre parcours de manière réfléchie et éclairée. L’accompagnement à l’orientation, qui constitue une priorité, est renforcé avec la mise en place d’heures dédiées dans l’emploi du temps des élèves de la classe de 4ème à la terminale. En classes de 4ème et de 3ème, le temps dédié prépare les jeunes pour la formulation de leurs choix d’orientation post-3ème. Au lycée, le temps dédié se généralise à tous les niveaux : chaque année, les élèves bénéficient de 54 heures à titre indicatif en lycée général et technologique. Afin de mieux ancrer l’information sur la formation et les métiers dans le contexte local, en prenant pleinement en compte les caractéristiques de l’offre de formation régionale et les besoins économiques locaux, les Régions se sont vues confier de nouvelles responsabilités, qu’elles exercent de façon complémentaires et cohérente avec les actions menées par l’Etat.
Enfin, cette politique d’accompagnement volontariste a conduit à renforcer de manière significative le dispositif des « Cordées de la réussite », qui bénéficie d’un financement complémentaire dans le plan « 1 jeune, 1 solution »,et qui vise à être, de l'accompagnement à l'orientation, un réel levier d'égalité des chances. Ainsi, en accompagnant davantage d’élèves, notamment en éducation prioritaire, dans les zones rurales et dans la voie professionnelle, les phénomènes d’autocensure sont particulièrement ciblés. Ce dispositif concourt à l’amélioration des différents taux de poursuite d’études (illustrés par l’indicateur 1.7 « Poursuite d’études des nouveaux bacheliers »). Un objectif de 200 000 cordées est ainsi recherché, soit un doublement de son volume.
L’obligation de formation des jeunes de 16 à 18 ans qui ne sont ni en études, ni en formation, ni en emploi a été mise en œuvre à la rentrée 2020. Elle permet de repérer et d'amener vers un parcours d'accompagnement et de formation les jeunes en risque d'exclusion. Le développement des structures de retour à l’école, en particulier dans la voie professionnelle, propose par ailleurs à des jeunes de 16 à 25 ans en situation de décrochage scolaire des formes de scolarisation nouvelles visant la préparation du baccalauréat dans l’ensemble des voies.
Vers un enseignement professionnel plus attractif et tourné vers les métiers d’avenir
Le lycée professionnel doit déboucher sur une insertion professionnelle rapide ou une poursuite d'études réussie, ainsi que sur l'acquisition de compétences et de qualifications tout au long la vie.
Dans la voie professionnelle, la qualité de l’offre de formation conditionne la bonne insertion des jeunes sortant du système éducatif. Après la création ou la rénovation de diplômes à la rentrée 2018 sur la transition énergétique et l'évolution des techniques et des technologies numériques, ont été mises en place, depuis la rentrée scolaire 2019, une nouvelle génération de campus des métiers et des qualifications, ainsi que la transformation du lycée professionnel (en classe de seconde pour le baccalauréat professionnel et en 1ère année de CAP).
Cette transformation, qui répond aux nouveaux besoins de compétences, vise à renforcer l’attractivité de l’enseignement professionnel, en proposant des parcours plus progressifs et individualisés (à l’image de la possibilité de préparer un CAP en un, deux ou trois ans selon le parcours scolaire et le projet professionnel de chacun), à favoriser l’innovation pédagogique et la qualité des apprentissages grâce à une nouvelle organisation des enseignements, et à développer une nouvelle génération de « campus des métiers et des qualifications ».
Les réformes des voies générale, technologique et professionnelle, associées à un dispositif d’orientation plus performant et à une offre de formation continue des enseignants adaptée aux enjeux du nouveau lycée, doivent avoir pour effet de « favoriser la poursuite d'études ou l'insertion professionnelle des jeunes à l'issue de leur scolarité secondaire » (objectif 2) dans le cadre d'un continuum de formation entre le second degré et l’enseignement supérieur.
Le continuum de formation entre le second degré et l'enseignement supérieur
Seuls quatre bacheliers sur dix obtiennent un diplôme de licence (générale ou professionnelle) après 3 ou 4 ans, et 8 % des bacheliers professionnels parviennent en L2 après un ou deux ans en L1, soit six fois moins que la moyenne. Par ailleurs, les élèves de la voie technologique poursuivent relativement peu en DUT (12,2 % en 2019), et environ un tiers des nouveaux inscrits en BTS proviennent de la voie professionnelle (33,8 % en 2019).
Face à ce constat, toutes les mesures facilitant l'acquisition des prérequis et la transition vers l'enseignement supérieur sont encouragées pour assurer le continuum Bac-3 / Bac+3, en permettant aux lycéens d’acquérir les compétences, les méthodes de travail et l’autonomie nécessaires pour y parvenir. La réforme du lycée et du baccalauréat général et technologique va y concourir en proposant un socle de culture commune, humaniste et scientifique, ouvert aux enjeux de l’avenir, et en permettant à chacun de se spécialiser progressivement dans les disciplines qui le feront réussir dans l’enseignement supérieur. Ainsi, la nouvelle organisation des enseignements, s’appuyant sur une offre de formation enrichie, propose aux élèves un choix plus large de parcours diversifiés qui leur permet d’approfondir les enseignements qu’ils apprécient. La refonte du baccalauréat repose sur un examen plus juste qui valorise le travail régulier des élèves en classes de première et de terminale avec un contrôle continu comptant pour 40 % de la note finale. Enfin, savoir s’exprimer dans un français correct est essentiel pour réussir ses études. Parce que l’aisance à l’oral peut constituer un marqueur social, le lycée a renforcé l’acquisition de cette compétence dès la rentrée 2019 pour tous les élèves de première, puis pour les élèves de terminale à partir de la rentrée 2020.
Face à la situation inédite créée par la crise sanitaire du Covid-19, et afin de ne léser aucun candidat de l’enseignement public et de l’enseignement privé sous contrat tout en maintenant le sérieux et l’exigence du baccalauréat, le MENJS a pris la décision d’évaluer toutes les épreuves des enseignements de spécialité et l’ensemble des évaluations communes dans le cadre du contrôle continu (par la prise en compte des moyennes annuelles des enseignements concernés). Cette organisation exceptionnelle a été conçue dans le souci de tenir compte des modalités de préparation des candidats et dans un esprit de confiance vis-à-vis des équipes enseignantes.
Lorsqu’ils s’engagent dans l’enseignement supérieur, les élèves de la voie professionnelle réussissent mieux en STS qu’à l’université, mais ils abandonnent encore trop souvent à l’issue de la première année de BTS. Dans ce cadre, les créations de places en STS se poursuivent, et ont été nettement renforcées à la rentrée scolaire 2020 dans le cadre du Plan de relance. Ainsi, dans le cadre d’un meilleur accompagnement des nouveaux bacheliers, plus de 5 200 nouvelles places ont été ouvertes.
L’optimisation des moyens alloués
Si la lutte contre les inégalités nécessite des mesures d'accompagnement pédagogique et éducatif plus soutenues en éducation prioritaire, la réduction des inégalités passe également par une allocation équitable des moyens. Guidé par cet objectif général d’équité, l’État se doit ainsi de « promouvoir un aménagement équilibré du territoire éducatif en optimisant les moyens alloués » (objectif 3).
Tous les établissements, quelles que soient les caractéristiques des territoires dans lesquels ils se trouvent, doivent pouvoir offrir à leurs élèves les moyens nécessaires à leurs apprentissages, en zones urbaines comme en zones rurales. La réduction des inégalités nécessite un effort spécifique en termes de taux d'encadrement et de stabilité des équipes enseignantes en faveur de l’éducation prioritaire et, plus généralement, des territoires connaissant des difficultés. L’évolution positive du sous-indicateur « proportion d’enseignants avec 5 ans et plus d’ancienneté dans un collège en éducation prioritaire » de l’indicateur 3.2 « écart de taux d’encadrement au collège entre éducation prioritaire (EP) et hors EP et proportion des enseignants de 5 ans d’ancienneté et plus en EP » rend compte de l’efficacité des mesures visant la stabilisation des équipes enseignantes.
Récapitulation des objectifs et des indicateurs de performance |
Objectif 1 | Conduire le maximum de jeunes aux niveaux de compétences attendues en fin de formation initiale et à l'obtention des diplômes correspondants |
Indicateur 1.1 | Proportion d'élèves maîtrisant, en fin de sixième, les principales composantes du domaine 1 "les langages pour penser et communiquer" du socle commun |
Indicateur 1.2 | Proportion d'élèves maîtrisant, en fin de troisième, les principales composantes du domaine 1 "les langages pour penser et communiquer" du socle commun |
Indicateur 1.3 | Écart de taux de réussite au diplôme national du brevet (DNB) entre éducation prioritaire (EP) et hors EP |
Indicateur 1.4 | Mixité des filles et des garçons dans les formations technologiques et professionnelles |
Indicateur 1.5 | Taux d'accès au diplôme correspondant des élèves ou apprentis inscrits en première année d'un cycle de formation |
Indicateur 1.6 | Proportion d'élèves entrant en 3ème avec au moins un an de retard |
Indicateur 1.7 | Scolarisation des élèves du second degré en situation de handicap |
Objectif 2 | Favoriser la poursuite d'études ou l'insertion professionnelle des jeunes à l'issue de leur scolarité secondaire |
Indicateur 2.1 | Poursuite d'études des nouveaux bacheliers |
Indicateur 2.2 | Écarts de pourcentages entre les jeunes en situation d'emploi 7 mois après leur sortie du lycée (hors ceux qui poursuivent des études), selon le diplôme, et les 25-49 ans en situation d'emploi |
Objectif 3 | Promouvoir un aménagement équilibré du territoire éducatif en optimisant les moyens alloués |
Indicateur 3.1 | Nombre d'académies bénéficiant d'une dotation équilibrée parmi les 30 académies |
Indicateur 3.2 | Écart de taux d'encadrement au collège entre éducation prioritaire (EP) et hors EP et proportion des enseignants de 5 ans d'ancienneté et plus en EP |
Indicateur 3.3 | Pourcentage d'heures d'enseignement non assurées (pour indisponibilité des locaux, absence d'enseignants non remplacés) |
Indicateur 3.4 | Pourcentage d'heures d'enseignement délivrées devant des groupes de dix élèves ou moins |