Présentation stratégique du projet annuel de performances |
Philippe BARBAT |
Directeur général des patrimoines |
Responsable du programme n° 175 : Patrimoines |
La politique de l’État en matière de patrimoine culturel et d’architecture a pour objectifs de :
Elle s'appuie sur le développement des synergies avec les différents acteurs des politiques culturelles et tout particulièrement sur les partenariats entre l’État et les collectivités territoriales.
L’année 2020 a été marquée par une crise sanitaire sans précédent affectant l’ensemble des politiques publiques. Comme de nombreux secteurs, celui du patrimoine et de l’architecture a été fortement et durablement touché par la crise dont les effets seront encore visibles en 2021, et probablement au-delà. La filière économique du patrimoine et de l’architecture enregistre une perte de chiffre d’affaires massive qui pourrait avoisiner les -30% sur l’année 2020. Les professions de la filière patrimoniale, dont le savoir-faire est reconnu à l’international, se caractérisent par un fort degré de spécialisation demandant plusieurs années de formation et de pratique professionnelle pour atteindre le niveau de qualification requis. Elles sont fragilisées de même que les structures publiques comme privées qui émaillent le territoire dans le secteur du patrimoine. Quant aux opérateurs patrimoniaux, cette situation remet en cause leur modèle économique et, par conséquent, leur capacité à développer l’offre culturelle. Leur fréquentation est durablement affectée et les contraintes sanitaires nécessitent de pouvoir adapter les formes culturelles. La crise a ainsi montré la forte dépendance du secteur patrimonial à la sphère publique et aux secteurs de la construction et du tourisme.
Face aux conséquences majeures de la crise sanitaire et au-delà des mesures transversales prises par le Gouvernement, le ministère de la Culture déploie une réponse forte accompagnée de moyens sans précédent. L’enjeu consiste à investir massivement pour, d’une part, soutenir l’emploi et les acteurs de la filière économique du patrimoine et de l’architecture, qu’il s’agisse des propriétaires publics et privés ou des entreprises et indépendants, et d’autre part, renforcer l’attractivité et la dynamique économique des territoires. Cet effort d’investissement se traduira par des retombées directes dans les territoires, notamment au bénéficie des métiers du tourisme, liées aux visites du patrimoine local.
Les moyens déployés en faveur du patrimoine et de l’architecture dans le cadre du PLF 2021 sont massifs et d’une ampleur inédite. Ils permettront :
Plus généralement, l’accompagnement des acteurs du patrimoine et le déploiement de ces moyens poursuivront les orientations stratégiques suivantes :
Contribuer au projet national d’éducation artistique et culturelle et à la qualité de l’accueil des publics
L’accès au patrimoine constitue un levier majeur de l’éducation artistique et culturelle. Au-delà de l’attention constante portée à l’évolution de la fréquentation des institutions patrimoniales, l'accent sera mis sur :
La politique des musées contribuera pleinement à l’objectif d’accès à la culture de tous les publics dans tous les territoires. Le volet muséal du Pass culture, le renforcement du lien entre les jeunes et les musées durant et hors le temps scolaire, les expériences engagées pour atteindre de nouveaux publics par des horaires ou des tarifs adaptés, la réflexion sur la promotion de la circulation des œuvres des musées nationaux ou l’évolution de l’enseignement de l’histoire de l’art seront notamment poursuivis.
Les institutions patrimoniales sont enfin particulièrement engagées pour offrir des missions aux volontaires du service civique, « citoyens de la culture », dont l’action contribue à favoriser l’accès de tous à la culture et à mettre la culture au service des valeurs républicaines.
Assurer la transmission du patrimoine aux générations futures
Le ministère de la Culture élabore des règles communes et s’assure de la cohérence scientifique et technique de la politique menée dans les différents domaines du patrimoine (archives publiques, archives privées protégées, musées de France, opérations archéologiques, monuments historiques, espaces protégés, opérations d’inventaire général du patrimoine culturel), qu'il s'agisse de patrimoine immobilier ou mobilier, ancien ou plus récent, matériel ou immatériel.
Compte tenu de la très grande diversité des acteurs de ces politiques, le contrôle scientifique et technique exercé par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC) et les Archives départementales permet d’assurer la cohérence des politiques de conservation et de transmission des patrimoines aux générations futures.
Dans ce cadre, le ministère de la Culture se donne notamment pour objectifs :
L'objectif de transmission du patrimoine aux générations futures s'appuie sur l'élaboration de programmes pluriannuels d'entretien et de restauration du patrimoine de l’État et sur la participation technique et financière de l’État aux travaux sur les monuments historiques appartenant aux collectivités territoriales et aux propriétaires privés. Dans ce cadre, l’élaboration de stratégies pluriannuelles régionales d’intervention en matière de monuments historiques sera poursuivie.
L’atteinte de cet objectif passe aussi par le soutien apporté à l’inscription de nouveaux biens au patrimoine mondial de l’UNESCO (dont le nombre a été porté à 45 pour la France en juillet 2019).
La politique de protection et de mise en valeur du patrimoine s’appuie également sur des dépenses fiscales ciblées au titre des charges spécifiques qu’ont à assurer les propriétaires privés de monuments historiques, liées aux prescriptions de l’État en matière d'entretien et de restauration.
L’ensemble de cette dépense publique vise à répondre aux prescriptions de l’État en matière d’entretien et de restauration et à contribuer au maintien des savoir-faire et des emplois du secteur.
La conservation préventive dans le domaine des musées et des archives et la politique de protection et de numérisation et de mise en ligne des archives publiques participent également de ces objectifs.
Œuvrer pour la cohésion et le développement des territoires à travers leur mise en valeur patrimoniale et architecturale
Très largement territorialisées et cofinancées, les politiques patrimoniales relèvent d’une approche partenariale avec les collectivités territoriales.
La priorité est donnée à la consolidation de la politique d’investissements en faveur des monuments historiques, du réseau des musées de France et des archives départementales en faisant porter les efforts sur des projets irriguant l’ensemble du territoire et permettant le développement de l’accueil des publics et la valorisation des patrimoines.
Le fonds incitatif et partenarial pour les monuments historiques situés dans les communes à faibles ressources créé en 2018 est pérennisé pour l’ensemble du quinquennat. Son objectif est de permettre une intervention financière accrue, d’une part, de l’État au travers de taux de subventions majorés et, d’autre part, des régions en les incitant à participer à hauteur de 15% minimum aux travaux de restauration sur des monuments historiques.
Le ministère de la Culture a le souci d’accompagner les collectivités territoriales dans la valorisation et le développement de leurs territoires en prenant appui sur les atouts que représentent l’architecture, les paysages et les patrimoines culturels en matière d’attractivité et de développement durable.
La protection du patrimoine dans les « sites patrimoniaux remarquables », par la mise en œuvre d’un plan de valorisation du patrimoine et de l’architecture ou d’un plan de sauvegarde et de mise en valeur, bénéficie d’un important soutien financier depuis 2017.
La promotion de la qualité de la construction et de l’architecture dans les territoires est réalisée dans le cadre de la mise en œuvre d’une politique de l’architecture renforcée et ancrée dans les territoires. Cette politique, s’inscrivant dans la continuité de la stratégie nationale pour l’architecture, sera confortée en 2021 par de nouvelles mesures visant à valoriser la création architecturale et à révéler sa contribution comme réponse aux défis de la transition énergétique, de l’amélioration du cadre de vie, de la définition de la ville de demain, du logement… Le développement des expérimentations soutenant des initiatives innovantes de projets d’aménagement par l’architecture sera également poursuivi. Parallèlement, le soutien à la filière économique de l’architecture sera structuré en lien avec les professionnels.
Les politiques portées par le ministère en faveur du patrimoine et de l'architecture s’inscrivent aussi dans l’accompagnement des politiques d’État relatives à la redynamisation des centres anciens (plan national « Action cœur de ville », toutes actions relatives à la revitalisation des territoires et notamment le plan « petites villes de demain »).
La politique en faveur de l’architecture et du patrimoine s'appuie également sur les labels, outils de promotion de la richesse patrimoniale des territoires, et notamment les labels « Ville ou Pays d’art et d’histoire » (VPAH), « jardins remarquables », « Maison des illustres » ou « Architecture contemporaine remarquable ». Ce dernier label renforce la reconnaissance de l’héritage architectural de moins d’un siècle pour en assurer la valorisation et l’adaptation aux enjeux contemporains et aux attentes des citoyens.
Moyens d'intervention
Outre la direction générale des patrimoines dont la mission est de concevoir, animer, orienter et évaluer la politique de l'État en faveur des patrimoines et de l’architecture, la mise en œuvre de ces politiques s'appuie sur :
- le réseau des DRAC et leurs services patrimoniaux : pôles patrimoines, conservations régionales des monuments historiques, services régionaux de l’archéologie, conseillers pour les musées, conseillers pour l’architecture, conseillers pour les archives et unités départementales de l’architecture et du patrimoine (UDAP) ;
- le réseau des conservateurs de l'État mis à la disposition des départements (Archives départementales) et des ministères (Missions des archives) ;
- le réseau des établissements publics : le Centre des monuments nationaux (CMN), la Cité de l’architecture et du patrimoine (CAPA), le Centre national d’art et de culture - Georges Pompidou (CNAC-GP), l'établissement public du château de Fontainebleau, l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (OPPIC), l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles (EPV), l'Institut national d'histoire de l'art (INHA), l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), le musée national des arts asiatiques Guimet, le musée Rodin, l’établissement public du musée Gustave Moreau et du musée Jean-Jacques Henner, le musée du Louvre, le musée du Quai Branly – Jacques Chirac, le musée Picasso-Paris, le musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, l’Établissement public du musée d'Orsay et du musée de l’Orangerie, l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs- Élysées, le domaine national de Chambord, l’établissement public du palais de la Porte Dorée et l’établissement public créé en 2019 pour assurer la conduite du chantier de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris après l’incendie du 15 avril 2019, enfin le musée des Arts Décoratifs (MAD) qui a un statut associatif.
- le réseau des services à compétence nationale (SCN) : les dix-sept musées nationaux répartis en douze SCN, le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), le Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH), la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (MAPA), le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) et les trois services d’Archives nationales : les Archives nationales (AN), les Archives nationales d’outre-mer (ANOM) et les Archives nationales du monde du travail (ANMT).
Récapitulation des objectifs et des indicateurs de performance |
Objectif 1 | Améliorer la connaissance et la conservation des patrimoines |
Indicateur 1.1 | Part des crédits de conservation préventive par rapport aux crédits de restauration des monuments historiques |
Indicateur 1.2 | Archéologie préventive : Proportion des dossiers d'aménagement reçus faisant l'objet d'un arrêté de prescription de diagnostic et/ou d'un arrêté de prescription de fouilles préventives |
Indicateur 1.3 | Qualité de la maîtrise d'ouvrage Etat |
Objectif 2 | Accroître l'accès du public au patrimoine national |
Indicateur 2.1 | Fréquentation des institutions patrimoniales et architecturales |
Indicateur 2.2 | Accessibilité des collections au public |
Indicateur 2.3 | Taux de satisfaction du public des institutions et des sites patrimoniaux |
Objectif 3 | Elargir les sources d'enrichissement des patrimoines publics |
Indicateur 3.1 | Effet de levier de la participation financière de l'Etat dans les travaux de restauration des monuments historiques qui ne lui appartiennent pas |
Indicateur 3.2 | Taux de ressources propres des institutions patrimoniales et architecturales |