Présentation stratégique du projet annuel de performances |
Jérôme SALOMON |
Directeur général de la santé |
Responsable du programme n° 204 : Prévention, sécurité sanitaire et offre de soins |
La stratégie poursuivie en 2021 en termes de prévention, de sécurité sanitaire et d’offre de soins est en pleine cohérence avec la stratégie nationale de santé (SNS) définie le 31 décembre 2017. La SNS constitue le cadre de la politique de santé en France. Définie par le Gouvernement, elle se fonde sur l’analyse dressée par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) sur l’état de santé de la population, ses principaux déterminants, ainsi que sur les stratégies d’actions envisageables. L’ensemble de ces objectifs vise à la réduction des inégalités en matière de santé. La SNS contribue à renforcer l’efficience du système de santé en cohérence avec la stratégie de transformation du système de santé et à garantir la soutenabilité des dépenses de santé, condition du maintien d’un accès de tous à des soins de qualité.
La stratégie nationale de santé comporte quatre axes :
A cela s'ajoutent sept priorités spécifiques à la politique de santé de l’enfant, de l’adolescent et du jeune, ainsi que deux objectifs propres à la Corse et quatorze objectifs propres à l’Outre-mer. La politique en matière de bioéthique est traitée dans le cadre d’un dispositif législatif ad hoc.
La SNS fait ainsi de la prévention un élément clé de notre système de santé. Elle trouve sa déclinaison dans les différents plans de santé publique ou dans les plans pouvant avoir un impact sur la santé des populations.
En 2018, pour la première fois, un Plan national de santé publique (PNSP) a été élaboré dans une configuration interministérielle dans le cadre du Comité interministériel pour la santé. Présenté par le Premier ministre le 26 mars 2018, ce plan est l’outil indispensable pour rendre opérationnel le premier axe de la SNS. Il fait de la prévention la pierre angulaire de la transformation de notre système de santé et marque le renforcement de la promotion de la santé, de l’éducation en santé chez les plus jeunes et l’intervention du service sanitaire. La richesse de ce plan se trouve dans son approche chronologique, en fonction des âges de la vie, et populationnelle, mais aussi dans son approche transversale des actions de prévention pour leur financement et la mobilisation des moyens nécessaires à leur mise en œuvre qui relèvent de multiples financeurs (Assurance maladie, ministères, agences sanitaires, agences régionales de santé).
Le PNSP 2020 qui devait être dévoilé en mars 2020 à l’occasion d’un Comité interministériel pour la santé n’a pas vu le jour en raison de l’impact de la gestion de la Covid-19. Une priorité devait être donnée aux enjeux de santé environnement en lien avec le Plan national santé-environnement (PNSE) n°4 ainsi qu’à la prévention de la perte d’autonomie.
La SNS, comme les plans et programmes nationaux, donnent lieu à un suivi annuel ainsi qu’à des évaluations pluriannuelles permettant d’apprécier les résultats sanitaires obtenus et l’impact sanitaire, social et économique au regard des ressources mobilisées, et d’en tirer les enseignements nécessaires à l’adaptation des politiques publiques. Les résultats du suivi annuel et des évaluations sont soumis pour avis à la Conférence nationale de santé et au Haut Conseil de santé publique, avant d’être rendus publics. En 2019, la HCSP a publié le premier volet de son évaluation du PNSP montrant sa pertinence et sa cohérence avec les enjeux de santé, la SNS et les objectifs européens en matière de développement durable.
Ces priorités recouvrent largement les axes principaux du programme 204 :
L’INCa et l’ANSES sont membres du comité d’animation du système d’agences (CASA), qui assure le pilotage stratégique des agences nationales dans la perspective de mieux coordonner les stratégies communes de déploiement des politiques de prévention et de sécurité sanitaires en lien avec l’ensemble des acteurs concernés (ARS, Assurance maladie, autres ministères, etc.) et de veiller à la cohérence des actions mises en œuvre dans ces domaines.
Le pilotage et la coordination du réseau des opérateurs bénéficient, avec la loi de modernisation de notre système de santé (LMSS) d’un cadre renouvelé destiné à améliorer la réponse aux exigences en matière de prévention et de sécurité sanitaire, et l’utilisation des moyens.
La SNS souligne la nécessité de promouvoir la recherche en santé des populations dans toute sa dimension interdisciplinaire et d’accroître les contributions de la recherche pour appuyer les décisions en matière de définition et d’évaluation des politiques de santé. Le périmètre de la politique de santé, inscrit dans l’article L.1411-1 du Code de la santé publique, inclut ainsi explicitement la production, l’utilisation et la diffusion des connaissances utiles à son élaboration et à sa mise en œuvre, ainsi que la promotion des activités de formation, de recherche et d’innovation dans le domaine de la santé.
Il s’agit de mobiliser au mieux les connaissances existantes et de soutenir les travaux de recherche portant sur l’amélioration de l’efficacité et de l’efficience des services de santé, sur les interventions de promotion de la santé et de prévention et enfin sur l’efficacité et la sécurité de la diffusion des innovations.
Les efforts engagés depuis plusieurs années se poursuivront pour harmoniser, coordonner et soutenir le développement des appels à projets de recherche en santé publique, notamment dans le domaine de la prévention, des services de santé de proximité et de la performance des parcours de santé. L’objectif est également d’accompagner les grandes cohortes en population générale, en mobilisant leurs premiers résultats, et de développer l’utilisation des très grandes bases de données, notamment le système national des données de santé, pour la recherche en santé publique.
Des efforts particuliers devront être consacrés au développement des interactions entre les responsables des politiques de santé, au niveau régional et au niveau national, et des réseaux pluridisciplinaires d’expertise et de recherche en santé publique.
Un portail sur les données probantes en matière d’interventions de prévention est opérationnel depuis 2019 sous l’égide de Santé publique France dans le cadre de l’Initiative en santé publique pour l’interaction de la recherche, de l’intervention et de la décision (Inspire-ID) pilotée par la DGS. Ce portail sera enrichi en 2021 pour intégrer les interventions dites « prometteuses ».
Le développement de systèmes d’informations (SI) dédiés à la veille et à la sécurité sanitaire, sécurisés et accessibles y compris en situation de mobilité, sera poursuivi afin de renforcer l’information et la sécurité des patients. La crise sanitaire résultant de l’épidémie de Covid-19 démontre d’ailleurs la nécessité de disposer d’outil efficace pour répondre aux enjeux découlant de ce type de crise. Dans un contexte de menace terroriste, le travail de définition des doctrines sanitaires de préparation et d’intervention adaptées aux différentes menaces (par arme de guerre, nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques (NRBC), etc.) sera poursuivi, en lien avec les travaux interministériels. Cet axe sera accompagné par la mise en place de moyens adaptés et par le renforcement du dispositif de formation à l’attention de l’ensemble des acteurs de crise sanitaire. Une attention particulière sera accordée aux mesures d’accompagnement et de suivi des victimes, autour du renforcement du réseau des cellules d’urgence médico-psychologiques et du système de gestion sanitaire des victimes d’attentats permettant une identification rapide des victimes et le suivi de leur parcours de soins. Dans le cadre de la réforme des vigilances sanitaires, le portail des signalements des événements sanitaires indésirables a été ouvert en mars 2017. Cette action de simplification et fiabilisation des déclarations réalisées par les professionnels et les usagers sera poursuivie et amplifiée par l’interopérabilité de ce portail avec les SI des agences de sécurité sanitaire, l’intégration de nouveaux formulaires et la rénovation de l’interface du portail.
La loi relative à l’organisation et à la transformation du système de santé n°2019-774 du 24 juillet 2019 qui traduit les ambitions de la stratégie de transformation du système de santé « Ma santé 2022 », adopte une vision d’ensemble et propose des réponses globales aux défis auxquels est confronté le système de santé. Cette réforme globale vise à transformer les modes d’organisation, les modes de financement, la formation et les conditions d’exercice des professionnels afin d’améliorer l’accès à des soins de qualité dans tous les territoires au bénéfice des usagers. Elle renforce les actions du plan d’égal accès aux soins par une meilleure structuration de l’offre de soins de proximité et promeut l’exercice coordonné des professionnels de santé qui est un axe essentiel de la structuration du système de santé.
La crise épidémique sans précédent qui a fortement mobilisé les acteurs du système de santé a conduit à accélérer la transformation du système de santé, initiée par le plan « Ma santé 2022 », grâce aux mesures portées par le Ségur de la santé de juillet 2020.
La poursuite de la modernisation du système de santé se traduit ainsi par la revalorisation des métiers et le renforcement de l’attractivité des hôpitaux publics, la définition d’une nouvelle politique d’investissement et de financement au service des soins, la simplification des organisations et du quotidien des équipes soignantes et la fédération des acteurs de la santé dans les territoires au service des usagers. Il s‘agit notamment de développer l’exercice coordonné qui doit, dans la continuité de « Ma Santé 2022 », devenir la norme. Ainsi, le développement des Communautés professionnelles territoriales et de santé (CPTS) et la concrétisation du Service d’accès aux soins (SAS), une des mesures du Pacte pour la refondation des urgences annoncées en septembre 2019, doivent contribuer à améliorer l’accès aux soins non programmés.
Par ailleurs, le recours au numérique est un vecteur d’évolution structurelle du système de santé en facilitant le partage de l’information en santé et l’évolution des pratiques. La dématérialisation des pratiques permise par le développement de la télésanté et de l’espace numérique de santé à compter du 1er janvier 2022 constituent des mesures phares de la politique numérique en santé.
Ces évolutions devront s’appuyer sur l’expertise développée par l’administration et par les professionnels de santé eux-mêmes, afin que l’offre de soins soit toujours plus accessible et dispensée dans des conditions correspondant à l’état le plus récent des connaissances et techniques médicales, tout en facilitant la collaboration entre prestataires de soins.
Une attention particulière sera également prêtée aux spécificités des Outre-mer, notamment en matière d’amélioration de la performance de l’offre de soins, afin que les outils de modernisation de l’offre soient adaptés aux besoins des populations ultra-marines. Dans ce contexte, le Ségur de la santé offre de nouvelles perspectives au travers du développement de l’attractivité de l’exercice médical à l’hôpital et le soutien à l’investissement.
Récapitulation des objectifs et des indicateurs de performance |
Objectif 1 | Améliorer l'état de santé de la population et réduire les inégalités territoriales et sociales de santé |
Indicateur 1.1 | Taux de couverture vaccinale contre la grippe chez les personnes de 65 ans et plus |
Indicateur 1.2 | Taux de participation au dépistage organisé du cancer colorectal pour les personnes de 50 ans à 74 ans |
Indicateur 1.3 | Prévalence du tabagisme quotidien en population de 18 ans à 75 ans |
Objectif 2 | Prévenir et maîtriser les risques sanitaires |
Indicateur 2.1 | Pourcentage d'unités de distribution d'eau potable présentant des dépassements des limites de qualité microbiologique |
Indicateur 2.2 | Pourcentage de signalements traités en 1h |