Part des dépenses de programmes dans les dépenses totales

L’année 2021 s’inscrit dans un contexte de baisse de la contribution à l’audiovisuel public (-59,6 M€ par rapport à 2020) et de retour progressif à une activité quasi normale (après la forte baisse d’activité de 2020 liée à la pandémie).

L’augmentation significative des recettes publicitaires et commerciales et la dotation complémentaire de l’État (22,5 M€ en 2021 au titre du plan de relance) ainsi que les économies réalisées ont permis de financer les impacts négatifs de la crise sanitaire et le renforcement du budget de programmes (notamment dans le cadre de la réorganisation de l’offre de contenus avec la prolongation de France 4 et la diffusion de Culturebox), tout en maintenant les engagements en faveur de la création audiovisuelle et cinématographique aux niveaux prévus au budget.

Les dépenses de programmes représentent, cette année encore, le poste essentiel des charges opérationnelles de l’entreprise, en ligne avec les priorités stratégiques de France Télévisions, soit 81,6%, en augmentation de 1,3 point par rapport à 2020 et au niveau de 2019 (81,4%). La hausse constatée entre 2020 et 2021 s’explique par l’effet conjugué :

• d’une augmentation des dépenses de programmes de 39,7 M€, liée notamment à :

  • la diffusion d’événements sportifs majeurs (dont les Jeux olympiques et paralympiques d’été) pour 22,4 M€

  • la reprise d’activité en 2021 de l’information nationale avec notamment une échéance électorale pour 12,2 M€ ;

  • des variations sur les autres lignes du coût de grille pour un peu plus de 3 M€.

• d’une diminution de 30,1 M€ des charges opérationnelles hors programmes (-6%) traduisant la poursuite des efforts d’économies dans tous les secteurs de l’entreprise (18 M€), la diminution des surcoûts de gestion de crise (dépenses de protection des personnels indispensables à la continuité d’activité dans le contexte de la pandémie pour 9,2 M€) et la baisse de la CVAE et de la CFE (pour environ 3 M€) dans le cadre de la loi de finances 2021. Ces diminutions permettent d’absorber les glissements mécaniques et les dépenses générées notamment dans le cadre du renouvellement des systèmes d’information et des solutions technologiques.

Qualité des programmes de fiction et d'information

Indicateur de qualité des programmes de fiction

Les fictions françaises diffusées en première partie de soirée sur France 2 et France 3 enregistrent, en 2021, une note moyenne de 8,0/10, un niveau légèrement supérieur aux deux années précédentes.

Les fictions adaptées de faits réels ou traitants de thématiques sociétales restent particulièrement appréciées du public, en se distinguant notamment sur les dimensions d’impact (ce programme « m’a fait vivre des moments forts », « m’a donné envie d’en parler autour de moi »…), d’originalité (« c’est un programme différent et original », « la thématique n’est pas souvent traitée à la télévision »…) et d’éducation (« j’ai appris des choses », « ce programme m’a fait réfléchir »…).

La fiction L’enfant de personne sur les enfants placés a obtenu la meilleure note pour le genre en 2021 sur France Télévisions (8,7/10, France 2). Elle enregistre 95% de réponses positives sur la dimension d’originalité et 94% sur la dimension éducative (soit la meilleure note ex-aequo pour une fiction française sur cette dimension en 2021, toutes chaînes confondues), et 92% sur l’impact. Parmi les fictions sociétales, peuvent également être citées Intraitable (France 2) sur les problématiques agricoles (8,5/10, avec 96% sur l’originalité et 94% sur les qualités éducatives), L’enfant que je n’attendais pas sur le déni de grossesse (8,6/10, en rediffusion sur France 2, avec un haut niveau sur l’originalité à 97% - meilleur niveau toutes chaînes confondues - et l’éducation à 92%), La fugue diffusé sur France 2 (8,5/10 et 96% sur l’originalité), ou encore Classe unique sur France 3 (8,0/10, en rediffusion) une comédie sociale qui traite de désertification rurale et la crise migratoire. Se distinguent aussi la mini-série Les aventures du jeune Voltaire (92% sur l’originalité et 87% sur l’éducation pour ce récit d’apprentissage diffusé sur France 2), et les nouvelles séries en milieu scolaire lancées en 2021 sur France 2 qui reçoivent un très bon accueil du public : La faute à Rousseau affiche 87% sur l’originalité et 70% sur l’éducation, et L’école de la vie affiche 83% sur l’originalité et 73% sur l’éducation.

Les fictions conçues pour une diffusion en ligne (comme Skam, Stalk ou Mental), proposées sur la plateforme Slash, ne sont pas suivies à travers cet indicateur.

Indicateur de qualité de l’information

Dans un contexte de multiplication des offres d’information, et notamment face à la montée en puissance des réseaux sociaux qui constituent d’ores et déjà l’une des premières sources d’information pour les nouvelles générations, l’information de service public se doit d’être une référence indiscutable de sérieux, de compétence et d’impartialité. La demande d’une information certifiée, indépendante et de qualité est apparue comme une priorité du public lors de la consultation citoyenne conduite par France Télévisions et Radio France fin 2018 et confirmée avec la nouvelle consultation menée en 2020 avec Radio France, France Médias Monde et l’INA.

Afin d’améliorer la perception de son offre d’information, France Télévisions continue de renforcer ses initiatives pour lutter contre les infox, offrir une large couverture des grands évènements de l’actualité nationale, européenne et internationale et consolider la place de franceinfo comme premier media global d’information en France.

France Télévisions a lancé l'étude de perception de la qualité des offres d'information pour l'année 2021. Toutefois, les résultats de cette étude ne sont pas disponibles au moment de la rédaction de ce rapport annuel de performance.

Il est à noter que le maintien d’un niveau élevé de confiance envers l’offre d’information du service public se traduit par une fréquentation importante en 2021 :

• chaque jour, 15 millions de téléspectateurs (27% de la population 4+) se sont informés à travers les différentes éditions d’information de France 2 et France 3 dont 5,1 Millions pour les JT régionaux ;

• les magazines de la rédaction nationale sont suivis par 17,7 millions de téléspectateurs chaque semaine ;

• la chaîne franceinfo est regardée quotidiennement par 5,1 millions de téléspectateurs, une audience en hausse de 5% par rapport à 2020 ;

• l’offre numérique franceinfo enregistre 3 millions de visiteurs uniques en moyenne par jour dont 1 million pour les sites régionaux ;

• le média global (tv, radio, numérique) franceinfo est suivi par 11,4 millions d'utilisateurs chaque jour.

Contexte

Après une année 2020 très atypique, l’année 2021 est marquée par le prolongement de la crise sanitaire. Dans ce contexte, la télévision a maintenu son rôle fédérateur avec 44,5 millions de téléspectateurs quotidiens sur le poste de télévision (vs 44,3 millions en 2020 et 41,3 millions en 2019). Si la couverture du média est légèrement supérieure au niveau observé en 2020, le temps passé devant la télévision est logiquement un peu moins important, retrouvant son niveau de 2019. Au global, quel que soit l’écran, les Français ont consacré 3h41 aux programmes de télévision en 2021 (vs 3h58 en 2020 et 3h40 en 2019).

Pour mémoire, depuis avril 2020, la mesure d’audience prend en compte la consommation hors domicile et en mobilité des programmes de télévision sur tous les écrans, permettant de couvrir tous les usages.

En parallèle, les services payants de vidéo à la demande (SVoD)^[1] confirment les hauts niveaux enregistrés au cours du premier confinement : 27,1 millions d’individus 6 ans et plus déclarent utiliser au moins une plateforme SVOD (+3,5 millions d’utilisateurs vs 2020), avec une montée en puissance auprès des publics plus âgés. Chaque jour, on compte 8,6 millions d’utilisateurs âgés de 15 ans et plus (vs 8 millions en 2020). Netflix reste largement leader, et ce sont désormais Prime Vidéo et Disney+ qui dynamisent le marché.

La consommation globale de vidéo s’appuie également sur les réseaux sociaux et les plateformes vidéo gratuites : YouTube est en tête avec chaque jour près de 19 millions de vidéonautes de 15 ans et plus^[2], et l’application Tiktok^[3] – plébiscitée par les jeunes - compte désormais plus d'utilisateurs quotidiens que Twitter avec 5,1 millions d'utilisateurs 15 ans et plus.

Audiences de France Télévisions

Dans ce contexte de surconsommation TV :

• l’audience cumulée hebdomadaire de France Télévisions (qui ne comprend que la consommation sur téléviseur et n’est donc plus l’indicateur de référence) se maintient à haut niveau à 74,5% (quasi stable par rapport à  2020 et +5,9 points comparé à 2019) ;

• la couverture mensuelle 4 écrans du groupe (téléviseur, ordinateur, tablette, smartphone) s’élève à 92,2% des 4 ans et plus (un résultat proche de 2020 et 3,3 points au dessus de 2019) :

• sa couverture hebdomadaire est de  81% en moyenne quel que soit l’écran, soit près de 50 millions de personnes, un niveau stable comparé à 2020, permettant à France Télévisions de rester le premier média des Français. Cet indicateur de couverture hebdomadaire 4 écrans (télévision, ordinateur, mobile et tablette) est désormais l’indicateur de référence pour mesurer la puissance de France Télévisions. Ce reach hebdomadaire s’élève à 54% chez les 414 ans, à 65% chez les 15-24 ans, à 83% chez les actifs et à 97% chez les jeunes retraités. 

Malgré le recul de France 4 lié à son repositionnement (chaîne ludo-éducative en journée et culturelle le soir), France Télévisions parvient par ailleurs à progresser en part d’audience avec 29,1% (vs 28,8% en 2020, 28,9% en 2019 et 28,5% en 2018), au plus haut depuis 2015. Le groupe progresse également sur le public des 15-49 ans avec +0,7 point sur un an.

Leader sur l’ensemble de la population 4+, le groupe conforte l’écart avec TF1 à hauteur de 2 points à 27,1% (contre un écart de 1,9 point en 2019 et 2020, et 0,8 point en 2018).

Structure de l'audience de France Télévisions par tranche d'âge

• Stabilité sur les enfants 414 ans à 16,7% de part d’audience et progression du groupe sur les 1524 ans (+1,3 point) à 18,6 de part d’audience ;

• Stabilité sur les 2559 ans à 18,8 % de part d’audience ;

• La part d’audience sur les 60 ans et plus baisse légèrement (1,5 point) mais demeure à haut niveau ; la couverture du groupe progresse légèrement pour cette tranche d’âge en 2021, mais proportionnellement moins que le reste du marché, ce qui explique cette baisse de sa part d’audience.

Audiences numériques

L’audience des offres numériques tous supports et toutes plateformes confondus, avec 811 millions de vidéos vues, est en baisse par rapport à 2020 (960 millions de vues), année record pour les audiences notamment sur les réseaux sociaux pendant les confinements, proche du niveau de 2019 (817 millions de vidéos vues).

Dans le détail, les audiences numériques affichent des niveaux stables et élevés :

• la plateforme france.tv s’affiche à un niveau toujours très élevé, avec 140 millions de vidéos vues en moyenne par mois sur ordinateur, smartphone, tablette et télévision (134 millions en 2020), un record avec une hausse de +4% en un an grâce aux déploiements de l’offre sur de nouvelles interfaces ;

• l’offre numérique franceinfo : une fréquentation stable avec 3 millions de visiteurs uniques en moyenne par jour (3,6 millions en 2020 ; 2,7 millions en 2019) dont 1 million pour les sites régionaux. Le média global (tv, radio, numérique) franceinfo est suivi par 11,4 millions d'utilisateurs chaque jour ;

• la consommation sur les applications TV et mobiles Okoo atteint 15,8 millions de vidéos vues mensuelles en 2021 (14,4 millions en 2020) ;

• le site Lumni.fr attire en moyenne 1,2 millions de visiteurs uniques mensuels en 2021. Dans un contexte normalisé, sans fermeture des classes comme en 2020, le trafic est en baisse sur lumni.fr par rapport à 2020 (1,7 millions de visiteurs uniques mensuels), mais la plateforme atteint l’objectif de trafic qui lui avait été assigné.

Sur les 3 écrans (ordinateur, smartphone et tablette), France Télévisions attire près de 27 millions de visiteurs uniques âgés de 2 ans et +, soit près de 50% de la population connectée.

En lien avec la transformation des usages numériques, le trafic mobile de France Télévisions est en croissance continue ces dernières années. Ainsi, 80% du trafic global est réalisé sur un support mobile en 2021, soit une progression de 4 points en un an (contre 76% en 2020, 75% en 2019).

[1] Source : Médiamétrie – baromètre des usages et comportements SVOD (janvier-novembre 2021)

[2] Source : Médiamétrie – Mesure Internet vidéo 3 écrans (janvier-novembre 2021)

[3] Source : Médiamétrie – Mesure Internet Global (janvier-novembre 2021)

Maîtrise des charges

La consolidation de l’équilibre financier de France Télévisions repose sur une condition centrale de maîtrise de sa masse salariale, qui suppose d’engager des réformes structurelles permettant d’assainir l’exploitation de l’entreprise et d’investir les nouveaux modes de fonctionnement et de production induits par la transformation numérique et technologique, tout en préservant les priorités stratégiques du groupe.

Les efforts de maîtrise durable et structurelle de la masse salariale se traduisent depuis 2019 par un pilotage renforcé des effectifs et des remplacements, notamment grâce à une meilleure planification et régulation de l’activité, et par l’ouverture à partir de l’été 2019 du dispositif de rupture conventionnelle collective prévu par l’accord conclu le 9 mai avec trois organisations syndicales représentatives du personnel du groupe (la CFDT, FO et la CGT), qui permet l’adaptation du cadre social et de la méthode de transformation aux défis du numérique, en assurant à la fois une diminution de la masse salariale à l’horizon 2022 et un rééquilibrage de la structure socio-générationnelle des compétences internes. Cet accord prévoit notamment un volet d’accompagnement des départs pour ceux des collaborateurs qui le souhaiteraient et un volet de recrutements. Le rythme des départs a été ralenti en 2020 et 2021 en particulier du fait de la crise sanitaire et sociale qui a créé un environnement incertain peu propice aux départs et aux reconversions, ce qui a conduit l’entreprise à revoir son objectif à la baisse, le portant à 1 200 départs au total au cours de la période (versus 1 800 initialement).

Les efforts ont été poursuivis en 2021, parallèlement à la mise en œuvre des priorités stratégiques, avec un niveau des effectifs s’établissant à 9 050 ETP en augmentation de 28 ETP par rapport à 2020, ce qui s’explique par le retour à une activité quasi normale, alors que l’année 2020 avait été marquée par le contexte sanitaire (qui a généré une baisse exceptionnelle et non reconductible des ETP).  Au total, les effectifs de France Télévisions auront diminué de près de 15% entre 2012 et décembre 2021.

La masse salariale 2021 (hors indemnités de départ en retraite et de licenciements, suppléments de cachets et intéressement) s’élève à 873,8 M€, en léger recul (-0,3%) par rapport aux prévisions budgétaires, malgré le dépassement de la trajectoire d’EPT prévue au budget 2021 (9 021 ETP), en raison de coûts moyens par ETP inférieurs à la prévision budgétée.

Ressources propres

Les ressources propres s’établissent à 460,9 M€, en hausse significative de 64,4 M€ par rapport à 2020 ; hausse due à l’augmentation des recettes publicitaires, liée à une conjoncture plus favorable mais aussi à la stratégie commerciale de la régie, à la bonne tenue des audiences du groupe et à la très bonne performance des événements sportifs diffusés en 2021.

Les recettes commerciales s’établissent à 31,8 M€ en 2021, en augmentation de 9,4 M€ par rapport à 2020, ce qui s’explique principalement par la progression des résultats d’exploitation de France Télévisions Publicité (en lien avec la hausse des ressources publicitaires) et de France Télévisions Distribution (augmentation du chiffre d’affaires en lien avec une hausse de la distribution des fictions, le développement de licences de marques et la hausse des parts de coproduction et des droits à recettes).

Résultat net

L'année 2021 s’inscrit dans un contexte :

• de baisse de la contribution à l’audiovisuel public (-59,6 M€ par rapport à 2020 soit -146,5 M€ cumulés depuis 2018, en conformité avec la trajectoire du COM) ;

• de retour progressif à une activité quasi normale en dépit du prolongement de la crise sanitaire;

• de réorganisation de l’offre de contenus, avec la prolongation de France 4 et la diffusion de Culturebox.

L'augmentation significative des recettes publicitaires et commerciales et la dotation complémentaire de l’Etat (22,5 M€ en 2021 sur un total 2021/2022 de 45 M€ au titre du  plan de relance) ainsi que les économies réalisées ont permis de financer les impacts négatifs de la crise sanitaire et le renforcement du budget de programmes. Parallèlement, France Télévisions a poursuivi ses efforts de gestion, notamment de maîtrise de la masse salariale et de recherche de gains de productivité, et en pilotant les économies liées aux diminutions d’activité dans le cadre de la crise sanitaire. France Télévisions a par ailleurs bénéficié de la diminution de la CVAE et de la CFE dans le cadre de la loi de finance 2021 qui n’était pas prévue budgétairement et qui a généré des économies qui expliquent en totalité le résultat d’exploitation positif. 

Dans ce contexte, France Télévisions a préservé une exploitation équilibrée pour la sixième année consécutive. Le résultat d’exploitation avant éléments non récurrents s’établit à +9,5 M€. Le résultat net s’élève à -11,8 millions d’euros en 2021 et tient compte des impacts de la transformation de l’entreprise et de sa stratégie de développement (coûts de formation aux nouveaux métiers pour 2,5 millions d’euros, quote part de perte de la plateforme numérique Salto pour 27,8 millions d’euros) ainsi que d’un résultat exceptionnel lié notamment à un ajustement de la provision du plan de départs à hauteur de 8,7 millions d’euros.