Présentation stratégique du projet annuel de performances |
Emmanuel MOULIN |
Directeur général du Trésor |
Responsable du programme n° 110 : Aide économique et financière au développement |
Le programme 110 « Aide économique et financière au développement », mis en œuvre par le ministère de l'Économie, des Finances et de la Relance (MEFR), contribue aux côtés du programme 209 « Solidarité à l’égard des pays en développement » du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) à la mise en œuvre de la politique française d'aide publique au développement (APD).
Les orientations de cette politique sont définies par les conclusions du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) du 8 février 2018 et la loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales (loi n° 2021-1031 du 4 août 2021) qui trace les grands axes de la politique de développement pour les prochaines années.
Cette loi organise la politique de développement autour de cinq orientations majeures :
une concentration de l’aide française à destination des pays prioritaires et selon des priorités thématiques claires : climat/biodiversité, égalité homme-femmes, lutte contre les crises et fragilités, santé, éducation et sécurité alimentaire ;
une approche partenariale, l’efficacité de cette politique résidant dans la capacité à faire travailler ensemble tous les acteurs au-delà du seul Etat ;
un pilotage renforcé de cette politique avec une chaîne de décision et de responsabilité clarifiée;
une exigence accrue de transparence et de redevabilité ;
un renforcement de l’évaluation pour accroître l’efficacité de l’aide française.
Les objectifs principaux de cette politique sont de réduire la pauvreté et de participer à l'atteinte des Objectifs de développement durable (ODD), adoptés lors du sommet des Nations unies de septembre 2015. Elle s’inscrit également dans le cadre des principes internationaux sur le financement du développement, traduits en particulier dans le plan d’action d’Addis-Abeba de juillet 2015 sur le financement du développement.
Afin d’allouer une aide mieux ciblée sur les priorités géographiques et sectorielles françaises et plus cohérente avec les autres politiques publiques, la politique française d’APD s’inscrit dans une logique de partenariats différenciés : concentration de l’effort en subventions à destination des pays les plus pauvres dont font partie les pays prioritaires de notre politique d'aide ; priorité à l’Afrique et à la Méditerranée ; attention particulière pour les pays en crise et en sortie de crise ; recherche de solutions partagées à des défis communs, comme la promotion d’une croissance verte et solidaire. L’amélioration de la coordination avec les autres donateurs est également un objectif constant, réaffirmé avec force par la nouvelle loi.
Le programme 110, dont les crédits s’élèvent pour 2022 à 3 213 712 000 € en AE et 1 862 035 176 € en CP, traduit ces objectifs généraux de l’APD en trois actions, intégrant les spécificités économiques et financières de l'action du MEFR. Il présente notamment la particularité de concentrer une part importante de crédits destinés à des institutions multilatérales de développement (action 1 « Aide économique et financière multilatérale » pour 1 866,2 M€ en AE et 1 260,1 M€ de CP) ainsi qu’au financement des annulations de dette bilatérales et multilatérales, décidées parfois il y a plusieurs années (action 3 « Traitement de la dette des pays pauvres » pour 170,0 M€ en AE et 109,4 M€ de CP). Il comprend également des crédits d’aide bilatérale (action 2 « Aide économique et financière bilatérale » pour 1 177,5 M€ en AE et 492,5 M€ en CP), notamment des crédits de bonification visant à abaisser le coût des prêts de l’Agence française de développement (AFD) pour les pays emprunteurs, axe important de l’aide bilatérale française.
Au niveau multilatéral, les principales contributions à des fonds généralistes concernent l’Association internationale de développement (AID) et le Fonds africain de développement (FAD), qui sont respectivement les guichets de financement concessionnel de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement. Ils incluent également des fonds sectoriels liés au climat comme le Fonds Vert pour le Climat et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM)). Les reconstitutions de l’AID, du FAD et du Fonds vert pour le climat ont été engagées en 2020 sur une période triennale et représentent 55,3 % des crédits de paiement (CP) du programme en 2022. Afin d’aider les pays bénéficiaires à faire face à la crise actuelle, les représentants des pays donateurs de l’AID ont par ailleurs décidé d’avancer d’une année la vingtième reconstitution de l’AID (AID-20), qui interviendra dès 2022 au lieu de 2023.
Sur le plan bilatéral, le programme contribue notamment à soutenir l’activité de prêts aux États étrangers de l’AFD au travers des crédits de bonification de ces prêts. L’effort en faveur de l’Afrique subsaharienne (ASS) passe aussi, pour des montants plus réduits, par les Aides budgétaires globales (ABG), qui visent à apporter un soutien budgétaire de stabilisation macroéconomique ou un appui aux stratégies nationales ou régionales de développement. A cela s’ajoute le financement de dispositifs de coopération technique permettant de renforcer les capacités des pays bénéficiaires de l'aide française en matière de gestion des finances publiques, de développement économique et d'intégration commerciale. Dans la continuité du Conseil présidentiel du développement du 17 décembre 2020, le MEFR contribue également à la mise en œuvre de nouvelles méthodes par le financement de dispositifs innovants de recherche et d’innovation dans le domaine du développement, ainsi qu’au renforcement de l’expertise française par le financement, à partir de 2022, d’un programme d’experts techniques internationaux.
Le programme intervient également pour le traitement de la dette des pays pauvres :
d’une part, dans un cadre bilatéral, en compensant à l’AFD les annulations de dettes décidées au sein du Club de Paris ou au titre des accords de Dakar I et II ;
d’autre part, en assurant l’engagement pris par la France en 2005 au G8 de Gleneagles de compenser l’AID et le FAD des annulations de dettes décidées dans un cadre multilatéral.
Afin de répondre à la crise internationale liée à la COVID-19, les institutions internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale se sont mobilisées de manière rapide, coordonnée et efficace. La France a négocié, dans le cadre du Club de Paris et du G20, un moratoire du service de la dette des pays les plus pauvres pour l’année 2020 (ISSD – initiative de suspension du service de la dette). Compte tenu des besoins de financement importants auxquels les pays éligibles à l'initiative de suspension du service de la dette devraient être confrontés en 2021, les membres du Club de Paris et le G20 ont approuvé la prolongation finale de cette initiative jusqu'à la fin décembre 2021.
En complément du programme 110, le Fonds de solidarité pour le développement (FSD) finance certaines contributions multilatérales suivies par le MEFR : la contribution française à la Facilité internationale de financement pour la vaccination (IFFiM) de l’Alliance pour les vaccins GAVI et une partie de la contribution française au Fonds vert pour le climat.
La France veille à la complémentarité entre son action bilatérale et son action multilatérale, dans son rôle d’actionnaire, de financeur et de partenaire dans la mise en œuvre de projets conjoints. Il s’agit à la fois d’agir sur la définition des priorités et des stratégies au sein des institutions multilatérales, d’accroître la visibilité et la portée de notre aide bilatérale et de toucher des secteurs ou des pays difficilement accessibles pour un bailleur intervenant seul.
En tant que gouverneurs pour la France des banques multilatérales de développement (BMD), le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance et le directeur général du Trésor sont particulièrement impliqués dans la mise en œuvre de cette complémentarité.
Dans le contexte de la hausse des moyens consacrés à l’aide publique au développement depuis 2017, la mise en place d’une politique ambitieuse d’évaluation doit contribuer à mieux rendre compte des résultats et de l’impact de l’APD française. Deux axes de travail sont poursuivis :
1/ L’évaluation de l’aide publique au développement en France repose à ce jour sur trois unités au sein du ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance, du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, et de l’Agence française de Développement. Ce système dispose de marges d’amélioration, en matière de transparence, d’indépendance, de capitalisation et de contrôle. La loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales prévoit ainsi la création d’une commission d’évaluation de l’aide publique au développement.
2/ La maquette et les objectifs du programme, refondus lors du PLF 2020 afin de mieux valoriser les priorités thématiques et géographiques du CICID, ont été enrichis d’indicateurs dédiés au suivi des priorités de politiques publiques telles que la santé ainsi qu’à l’efficience de l’aide sur le plan bilatéral.
Récapitulation des objectifs et des indicateurs de performance |
Objectif 1 | Contribuer à la mise en œuvre des ODD, en concentrant l'aide sur les pays prioritaires et les priorités stratégiques françaises |
Indicateur 1.1 | Part des ressources subventionnées des fonds multilatéraux qui sont affectées aux zones géographiques prioritaires |
Indicateur 1.2 | Part, dans le coût pour l'Etat des prêts mis en œuvre par l'AFD, des coûts des prêts à destination des priorités géographiques du CICID |
Indicateur 1.3 | Part des ressources subventionnées des fonds multilatéraux qui sont affectées aux priorités thématiques du CICID |
Indicateur 1.4 | Part des prêts de l'AFD qui sont affectés aux priorités thématiques du CICID |
Objectif 2 | Assurer une gestion efficace et rigoureuse des crédits octroyés à l'aide au développement |
Indicateur 2.1 | Effet de levier de l'activité de prêts de l'AFD |
Indicateur 2.2 | Capacité des fonds multilatéraux à mener avec succès des projets compatibles avec la réalisation de leurs objectifs de développement |
Indicateur 2.3 | Frais de gestion du programme 110 |