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Présentation stratégique du projet annuel de performances


Valérie BADUEL

Directrice générale de l'enseignement et de la recherche

Responsable du programme n° 142 : Enseignement supérieur et recherche agricoles


L’agriculture, l’alimentation et la forêt occupent une place de premier plan dans la culture et l’économie françaises. La mission de l’enseignement supérieur et de la recherche agricoles, portée par la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) au sein du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, est d’assurer la production et la diffusion de connaissances nouvelles et le développement et l’actualisation des compétences des acteurs privés et publics, nécessaires pour relever les enjeux majeurs dans ces domaines. Ces enjeux sont au cœur des préoccupations des citoyens et des États, concernant directement leur sécurité (souveraineté et sécurité alimentaires, conflits autour des terres agricoles et de l’usage de l’eau, émergences de nouvelles maladies infectieuses d’origine zoonotique, etc.). A l’échelle de la planète, un des principaux défis est de nourrir 9 milliards d’individus à l’horizon 2050 dans des conditions respectueuses de l’environnement et de la santé, tout en participant à la lutte contre le changement climatique.

Les objectifs stratégiques du programme sont d’attirer des étudiants motivés, aux profils et origines sociales et géographiques diversifiés, qui constitueront les décideurs, entrepreneurs, experts et innovateurs de demain, d’assurer qu’ils bénéficient de modalités et de programmes de formation adaptés à leurs besoins et aux enjeux précités et de renouveler les chercheurs et enseignants, pour qu’ils soutiennent l’innovation dans les exploitations agricoles et les industries et accompagnent les transitions, notamment la transition agro-écologique.

Ce programme regroupe les moyens destinés à assurer la formation d’ingénieurs, de vétérinaires, de paysagistes, de cadres spécialisés, d’enseignants, de chercheurs, mais également à soutenir la recherche et sa valorisation, le développement d’outils et le transfert de connaissances et de technologies pour l’agriculture, l’alimentation, la bioéconomie, la forêt, le développement des territoires, et la santé et le bien-être des animaux.

La conduite du programme s’articule donc autour de trois grands axes stratégiques : la qualité des formations, l’efficience de l’organisation des écoles et la valorisation de la recherche.


L’enseignement supérieur agricole est constitué d’un réseau de dix-sept établissements (onze publics et six privés sous contrat avec l’État) qui assurent, dans le cadre des cursus de référence, des formations d’ingénieurs, de vétérinaires et de paysagistes mais qui offrent également une palette de formations licence, master, doctorat (LMD) et de formations continues. Il est complété par l’Institut agronomique méditerranéen de Montpellier (IAMM).


Ces établissements accueillent plus de 17 000 étudiants, dont 16 000 en cursus de référence et plus de 60% dans les établissements publics. Ces derniers forment également les cadres supérieurs techniques du ministère ainsi que les professeurs de l’enseignement technique agricole public. Compte tenu de l'augmentation démographique étudiante, l’objectif est que ces établissements accueillent 2 700 étudiants supplémentaires à l’horizon 2024.

La visibilité et la reconnaissance des formations et des travaux de l'enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et de paysage sont reconnues et se traduisent notamment par leur attractivité pour les étudiants, l’excellence des taux d’insertion professionnelle et les places obtenues dans les classements thématiques internationaux en 2020.


L’enseignement supérieur agricole est, par nature, un enseignement professionnalisant, dont l’efficacité est mesurée par l’objectif n°1 du programme. Des parcours et des référentiels de formation adaptés aux besoins et à la diversité des étudiants (travaux pratiques, projets, stages en milieu professionnel, apprentissage, innovations pédagogiques, etc.) sont établis sur la base des besoins et enjeux du secteur et d’échanges réguliers avec les opérateurs socio-économiques concernés. Il en résulte un taux net d’emploi après 12 mois dépassant 90 % pour les diplômés de l’enseignement supérieur agricole, dont plus de 70 % en contrat à durée indéterminée.


Concernant la recherche et le transfert, l'organisme public de recherche qu'est l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) et les instituts techniques agricoles et agro-industriels fédérés respectivement au sein des réseaux de l’association de coordination technique agricole (ACTA) et de l’association de coordination technique pour l’industrie agroalimentaire (ACTIA), ainsi que les établissements d’enseignement supérieur agricole sont mobilisés pour contribuer à répondre aux enjeux précités, notamment par des collaborations ciblées sous forme d’UMT (unités mixtes technologiques) et par un appui aux politiques publiques.


L’enseignement supérieur agricole est socialement ouvert et il est accessible à des jeunes issus de milieux ruraux ou socialement peu favorisés (le taux de boursiers dans l’enseignement supérieur long agricole dépasse 30 % et s’approche même de 40 % dans des établissements publics). C’est le résultat d’une politique active de pilotage par le ministère chargé de l'agriculture des concours nationaux d’accès aux écoles publiques de vétérinaires et d’ingénieurs en faveur de la diversité des voies d’accès à l’enseignement supérieur agricole. L'ouverture dès la rentrée 2021 d'un accès post-bac dans les écoles nationales vétérinaires (ENV) a pour but d'élargir encore la base sociale et territoriale de recrutement de ces écoles. L'École nationale supérieur de paysage propose par ailleurs une formation post-bac de paysagiste depuis la rentrée 2020. Le développement de la voie de formation d’ingénieurs par apprentissage, outre son intérêt pédagogique, contribue également au même objectif d’ouverture sociale.


La crise sanitaire a très fortement freiné les mobilités (académiques ou stages, individuels ou collectifs) mais les étudiants de l’enseignement supérieur agricole pourront profiter pour les années à venir du nouveau programme Erasmus+ pour l'éducation, la formation, la jeunesse et les sports, au sein duquel la DGER, ses réseaux et les établissements sont très actifs. La nouvelle programmation Erasmus+ pour la période 2021-2027 représente une opportunité pour l’enseignement agricole avec un budget augmenté et plus inclusif, plus vert et plus international, en phase avec les priorités du ministère de l'agriculture et de l'alimentation.


Malgré l’augmentation de plus de 35% du nombre d’étudiants vétérinaires accueillis dans les ENV d’Alfort, de Lyon, de Nantes et Toulouse, la formation vétérinaire française ne répond pas encore à la totalité des besoins du marché vétérinaire en forte croissance. Parmi les primo-inscrits à l’Ordre des vétérinaires, plus de 50% des vétérinaires sont désormais formés à l’étranger et la France est l’un des pays européens qui forme le moins de vétérinaires par rapport à sa population, dans un contexte où le marché des soins vétérinaires est particulièrement dynamique (il pèse plus de 3 Md€ et croît de 4% par an depuis 2010). Les ENV françaises sont de petites tailles comparées à leurs homologues allemandes dont les promotions comptent 200 étudiants ou plus.

Face à ce constat, l’Etat a fait le choix de lancer un plan de renforcement pluriannuel des ENV d’Alfort, de Lyon, de Nantes et de Toulouse qui permettra d’atteindre rapidement l’augmentation attendue des effectifs de vétérinaires mis sur le marché de l’emploi, via les creusets scientifiques et pédagogiques que constituent ces écoles, à moindre coût grâce aux économies d’échelle permises par les établissements existants, tout en respectant les exigences de qualité des standards européens. L’année 2022 constitue la première annuité de ce plan de renforcement.


Le projet d’implantation des quatre sites franciliens d’AgroParisTech et des laboratoires associés de l’INRAE sur le plateau de Saclay dans la perspective de création d’un campus d’excellence à visibilité internationale demeure une priorité stratégique, qui est rentrée dans sa phase opérationnelle pour une mise en service effective à la rentrée 2022. De même, la mise en œuvre du nouveau schéma directeur immobilier de l’École nationale vétérinaire d’Alfort, avec la construction du bâtiment central Agora est en voie d’achèvement. Dans le cadre du prochain contrat de plan État-région 2021-2027, le programme 142 poursuit le financement de l’entretien, dont la mise aux normes en matière de sécurité, ainsi que le renouvellement du patrimoine immobilier et scientifique des établissements publics d’enseignement supérieur, de façon à préserver la qualité des implantations dans les régions et métropoles.


D’autres actions concourant notamment à l’atteinte de l’objectif n°2 du programme, relatif à l’organisation des formations dans des conditions optimales de coût et de qualité de service, seront mises en place, afin de poursuivre la modernisation du pilotage des établissements d’enseignement supérieur, en renforçant encore le contrôle interne et la comptabilité analytique, et en généralisant la contractualisation d’objectifs et de performance, dans le cadre de la mise en œuvre du décret n°2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion budgétaire et comptable publique (décret GBCP) depuis le 1er janvier 2016.


L'enseignement supérieur agricole s'insère dans les regroupements territoriaux ainsi que dans les dispositifs du Programme d'investissements d'avenir (PIA) : les établissements sont ainsi membres à part entière, ou associés, aux regroupements de sites et participent à la mise en place des Initiatives d'excellence (Idex) et Initiative-Science-Innovation-Territoire-Économie (I-SITE) retenus. Il bénéficie également, dans le cadre du plan de relance, d’une dotation de 17 M€ environ pour la rénovation énergétique des bâtiments et structures de son réseau d’écoles et d’instituts de recherche.



Récapitulation des objectifs et des indicateurs de performance


Objectif 1

Former des ingénieurs, des vétérinaires et des paysagistes répondant aux besoins des milieux économiques, formés aux pratiques de la recherche et ouverts sur l'international

Indicateur 1.1

Taux d'insertion des diplômés

Objectif 2

Organiser les formations dans des conditions optimales de coût et de qualité de service

Indicateur 2.1

Coût unitaire de formation par étudiant pour l'Etat (cursus de référence)

Objectif 3

Développer la valorisation de la recherche vers les secteurs professionnels et l'appui aux politiques publiques

Indicateur 3.1

Nombre d’opérations collectives portées par INRAE mobilisant une expertise scientifique en appui aux politiques publiques par an