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Présentation stratégique du projet annuel de performances

Général d'armée Thierry Burkhard

Chef d'état-major des armées

Responsable du programme n° 178 : Préparation et emploi des forces


Le programme 178 « Préparation et emploi des forces » vise à satisfaire aux exigences d’emploi et de préparation des forces définies par les contrats opérationnels, eux-mêmes déclinés des ambitions de la revue stratégique de Défense et de sécurité nationale (RSDSN) de 2017, actualisée en 2021, et de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. Il constitue en ce sens l’aboutissement et le cœur de la mission « Défense ». Organisé de façon à pouvoir assurer simultanément la conduite des opérations et la préparation des forces dans un cadre organique cohérent, le programme 178 est placé sous la responsabilité du chef d’état-major des armées (CEMA) au titre de ses attributions en matière de commandement des opérations militaires, de préparation et de mise en condition d’emploi des armées, de leur soutien, de la définition de leur format d’ensemble et de leur cohérence capacitaire.


Alors que la dégradation de notre environnement stratégique est une réalité constatée depuis plus d’une décennie, notamment à l’occasion de la publication des documents posant à intervalles réguliers le cadre des révisions de notre stratégie de défense et de sécurité nationale, l’année 2022 s’est caractérisée par une brutale accélération de cette évolution. Les évènements en Ukraine en témoignent, avec la résurgence sur le continent européen d’un conflit interétatique majeur. Ce nouveau contexte stratégique se caractérise par trois tendances. La première est l’emploi désinhibé de la force, redevenu pour beaucoup d’acteurs le mode de règlement des conflits. La deuxième tendance est la contestation de notre liberté d’action par de grands compétiteurs, animés de la même volonté d’affirmer leur présence dans tous les domaines de confrontation. Enfin, la troisième tendance est le changement d’échelle, qui se traduit par une extension de la conflictualité à l’ensemble des milieux et des champs, et par la mise en œuvre de stratégies hybrides.


Dans cet environnement stratégique marqué par le renouveau de la puissance et le retour de la guerre de haute intensité en Europe, l’année 2023, cinquième année d’exécution de la loi de programmation militaire 2019-2025, doit permettre aux armées de poursuivre l’effort engagé pour rester en phase avec l’évolution de la conflictualité et remplir leur mission de protection de la France et des Français face à la dangerosité du monde et à celle du quotidien. Ainsi, l’année budgétaire 2023 continuera de porter l’ambition de disposer d’armées équipées, préparées et entrainées au service de la France, puissance d’équilibre, dans chacun des cadres de la compétition, de la contestation ou encore l’affrontement. Aussi, les crédits alloués au programme 178 sont en augmentation de +1,2 Md€ par rapport à la LFI 2022 (+11 %).


1. Renforcer les forces morales et la cohésion nationale


Pour l’emporter dans une conflictualité qui est avant tout une confrontation des volontés, la vigueur des forces morales, c’est-à-dire la capacité individuelle et collective à prendre l’ascendant sur les évènements est décisive. Les armées doivent donc cultiver leurs forces morales, combinaison de paramètres divers comme le sens de la mission, l’adhésion au projet collectif, la discipline, les conditions de vie et de travail ou encore le soutien apporté à la Nation.


Réciproquement, les armées doivent contribuer à la cohésion nationale, en particulier en direction de la jeunesse. C’est l’objet de nombreuses initiatives destinées à diffuser l’esprit de Défense et de résilience, qui doivent être valorisées et développées.


Les armées poursuivront ainsi leur appui aux journées Défense et mémoire et à la conduite de missions d’intérêt général « Défense » qui contribuent à la diffusion de l’esprit de Défense et de résilience.


La dynamique initiée pour les réserves, qui constituent un relais vers la société et contribuent à la réponse aux enjeux de la résilience et de la haute intensité, sera poursuivie, afin de pouvoir être engagées dans des missions plus complexes et dégager des marges de manœuvre pour compléter les effectifs des armées.


Les armées seront toujours prêtes en 2023 à incarner une part de la résilience de la Nation par des missions ponctuelles contre les menaces du quotidien comme l’opération RÉSILIENCE, déclenchée lors de la crise du Covid, ou lors de catastrophes naturelles comme des inondations ou des incendies, où les moyens militaires sont capables d’intervenir très rapidement pour porter les premiers secours aux populations.


2. Poursuivre le développement d’un modèle d’armée crédible, cohérent et équilibré


En 2023, les armées maintiendront la permanence de la dissuasion nucléaire, clé de voûte de la défense de notre pays. Par ailleurs, la tenue des postures permanentes de sûreté – notamment posture permanente de sûreté aérienne et posture permanente de sauvegarde maritime – permettra de garantir la sanctuarisation et la protection du territoire national comme de ses approches, en métropole et en outre-mer.


L’aptitude à connaître, comprendre, caractériser et prévoir est centrale pour permettre à la France de décider et d’agir de manière autonome et souveraine. L’effort sera poursuivi en 2023 pour renforcer la capacité d’anticipation et d’analyse stratégique des armées, afin de leur permettre de déceler les signaux faibles annonciateurs de crises, mais également d’améliorer leur capacité à discerner les intentions de nos compétiteurs ou de nos adversaires. Le PLF 2023 voit ainsi les crédits dédiés à l’opération stratégique « Renseignement » augmenter d’environ 7,4 % par rapport à 2022 sur le périmètre du programme 178.


Le renforcement des aptitudes militaires dans les nouveaux espaces sera également poursuivi pour permettre aux armées de s’engager sur l’ensemble du spectre de la menace et de la conflictualité.


En 2022, les crédits de l’opération stratégique « Entretien programmé du matériel » (EPM) augmentent de 550 M€ par rapport au projet de loi de finances 2022. Cet effort doit contribuer à l’obtention d’un potentiel militaire cohérent et puissant, disposant d’une capacité à durer, de redondances indispensables et de stocks suffisants pour garantir l’épaisseur opérationnelle requise afin que les armées puissent remplir durablement leurs missions et dont la guerre en Ukraine a confirmé le besoin.

Cet effort permettra également de soutenir l’activité des armées avec notamment plus de temps consacré à l’entraînement sur les matériels majeurs avec lesquels elles seraient engagées en cas d’affrontement


Enfin, il ne peut y avoir de modèle capacitaire crédible, équilibré et cohérent, ni d’autonomie stratégique, sans des soutiens robustes, dont la qualité conditionne la performance opérationnelle comprenant la capacité à durer. Les crédits alloués à l’action 5 « Logistique et soutien interarmées », qui comprend notamment les dépenses liées à l’énergie (gaz et électricité) et à l’alimentation, sont ainsi en augmentation de plus de 400 M€, soit 21 %, par rapport à la LFI 2022.


3. Cultiver la solidarité stratégique avec nos alliés et partenaires


La solidarité stratégique est à la base de la stratégie d’influence internationale de la France. Elle continuera en 2023 à s’exercer d’abord envers nos alliés de l’espace euro-atlantique, que ce soit au sein de l’Alliance atlantique ou de l’Union européenne. Le développement d’une solidarité stratégique européenne constitue en effet le préalable de toute autonomie stratégique européenne. Cette solidarité s’applique ensuite à nos partenaires dans nos zones d’intérêt stratégique, notamment en Afrique, au Proche et Moyen Orient, ou dans l’Indopacifique.


En Afrique, après la réarticulation de l’opération BARKHANE hors du Mali menée en 2022 en liaison étroite avec nos partenaires régionaux et nos alliés européens, l’année 2023 devrait voir les armées poursuivre la lutte contre les groupes armés terroristes à partir du Niger et du Burkina Faso et la conduite de partenariats militaires opérationnels, en particulier en Afrique de l’Ouest.


En Europe, l’action des armées en 2023 devrait continuer à combiner le soutien à l’Ukraine, notamment à travers des cessions d’équipements adaptées aux besoins exprimés par Kiev, et le renforcement de la posture de l’Alliance atlantique par la poursuite de la participation des armées aux missions de réassurance sur le flanc oriental de l’Europe.


Dans l’espace méditerranéen, l’année 2023 devrait être marquée par la poursuite de l’opération de l’Union européenne IRINI de contrôle de l’embargo sur les armes à destination de la Libye, ou encore la participation de la France à La Force intérimaire des Nations Unies au Liban.


Enfin, au Moyen-Orient, les opérations CHAMMAL en appui des forces de sécurité irakiennes et des forces démocratiques syriennes pour défaire durablement Daesh en Syrie et en Irak, ainsi que l’opération AGENOR de sécurisation du trafic maritime aux abords du détroit d’Ormuz, devraient se poursuivre.


En conclusion, la guerre en Ukraine est venue souligner que nous avons changé d’époque, d’échelle et d’enjeux et elle nous rappelle que le risque d’un conflit interétatique majeur est désormais significatif. Les armées ont l’impérieux devoir de s’y préparer afin d’être prêtes, si les circonstances l’exigent, à s’engager dans un affrontement de haute intensité. Le programme P178 est au cœur de cette exigence et l’effort consenti pour la préparation et l’emploi des forces doit permettre aux armées de faire face tant aux engagements d’aujourd’hui qu’aux enjeux de demain. Pour la protection de la France et des Français, les armées doivent, le moment venu, être au rendez-vous de leur mission : assurer par la force des armes la défense de la patrie et des intérêts supérieurs de la Nation.



Récapitulation des objectifs et des indicateurs de performance

Objectif 1 : Assurer la fonction stratégique connaissance-anticipation

Indicateur 1.1 : Taux de satisfaction de la fonction stratégique connaissance - anticipation

Objectif 2 : Assurer la fonction stratégique de prévention

Indicateur 2.1 : Efficacité du pré-positionnement des forces

Objectif 3 : Assurer la fonction stratégique de protection (sauvegarde)

Indicateur 3.1 : Taux de satisfaction des contrats opérationnels permettant d'assurer la fonction stratégique de protection

Objectif 4 : Assurer la fonction stratégique intervention

Indicateur 4.1 : Capacité des armées à intervenir dans une situation mettant en jeu la sécurité de la France

Indicateur 4.2 : Capacité à réaliser les contrats opérationnels permettant de gérer les crises

Objectif 5 : Assurer la préparation des forces dans les délais impartis pour permettre la montée en puissance maximale des capacités militaires prévues

Indicateur 5.1 : Niveau de réalisation des activités

Indicateur 5.2 : Disponibilité des matériels par rapport aux exigences des contrats opérationnels

Objectif 6 : Renforcer l'efficience du soutien

Indicateur 6.1 : Coût de la fonction « restauration-hébergement »

Indicateur 6.2 : Coût de la fonction maintien en condition opérationnelle par milieu

Indicateur 6.3 : Améliorer le soutien du combattant