Benoît BONAIMÉ |
Directeur général de l'enseignement et de la recherche |
Responsable du programme n° 143 : Enseignement technique agricole |
L’enseignement technique agricole, piloté par la direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) au sein du ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire (MASA), est une composante essentielle du service public national d’éducation et de formation. L’enseignement agricole prépare à près de 200 métiers et propose une diversité de formations, de la 4e au brevet de technicien supérieur agricole (BTSA), avec pour dénominateur commun le vivant, en contact avec la nature ou les personnes. Ces formations permettent d’intégrer les métiers des filières agricoles et agroalimentaires, les métiers de la filière forêt-bois, les métiers liés à la préservation et la mise en valeur des milieux naturels, les services aux personnes âgées ou à la petite enfance en milieu rural, les services dans les territoires : tourisme, animation, communication, commerce et vente, etc.
L’enseignement agricole technique, fort des 800 établissements agricoles publics et privés répartis sur l’ensemble du territoire métropolitain et dans les territoires ultramarins, recrute chaque année davantage d’apprenants qui contribueront au renouvellement des générations en agriculture et mettront en œuvre les transitions agro-écologique et climatique nécessaires à la souveraineté alimentaire du pays.
Après une période de baisse, les effectifs progressent ces dernières années et l’enseignement agricole technique compte désormais davantage d’apprenants qu’il y a 10 ans avec 198 376 élèves, étudiants et apprentis en 2023-2024, soit +0,9 % par rapport à l’année précédente et une hausse cumulée de 4,9 % sur les 5 dernières années. Dans le détail, le nombre d’élèves est stable et le nombre d’apprentis poursuit sa progression (+47 % depuis 2019).
Face aux défis de souveraineté alimentaire, du renouvellement des générations en agriculture, du nécessaire accompagnement des transitions ou encore des réponses à apporter aux besoins des professionnels et des territoires, l’enseignement agricole mobilise ses atouts avec une attention particulière portée à l’innovation pédagogique et l’accompagnement éducatif des élèves, un enseignement professionnel de qualité, des diplômes régulièrement rénovés, des taux de réussite aux examens supérieurs à l’enseignement classique ou encore une filière apprentissage qui s’adapte pour continuer de répondre aux besoins des professionnels et des territoires.
Les travaux de préparation du Pacte et loi d’orientation pour le renouvellement des générations en agriculture (PLORGA) menés au fil de l’année 2023 ont permis de partager le constat que l’agriculture, en dépit des gains de productivité, nécessite l’emploi d’un nombre élevé d’actifs pour assurer les activités de production et pour répondre aux enjeux des transitions agro-écologique et climatique. Principal pourvoyeur des emplois de l’agriculture, l’enseignement agricole s’est donc préparé au rôle majeur qu’il doit jouer pour relever les défis du PLORGA.
Les concertations nationale et régionale pilotées par le Ministère en lien avec les Régions et animée par les chambres d’agriculture en région étaient organisées de janvier à mai 2023 en trois groupes de travail : « orientation et formation », « installation et transmission », « adaptation et transition face au changement climatique ». Chaque groupe comprenait entre 100 et 130 organisations afin de refléter la diversité des acteurs. Des consultations ont également été organisées avec et par les jeunes des établissements de l’enseignement agricole. Près de 50 établissements ont tenu des temps d’échange entre leurs apprenants et les acteurs du territoire ou des séminaires de formulation par les jeunes de propositions concrètes d’action.
Le 15 décembre 2023, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a présenté en Seine-Maritime le Pacte d’orientation pour le renouvellement des générations en agriculture. Les mesures visent à doter les agriculteurs d’outils adaptés pour accélérer les transitions agroécologique et climatique, mais aussi à s’appuyer sur l’enseignement agricole pour assurer, dans les décennies à venir, l’émergence d’une nouvelle génération d’agriculteurs prête à affronter les défis de demain. C’est ainsi que tout au long de l’année 2023 le ministère continué à rénover ses diplômes pour intégrer encore mieux les enjeux des transitions agro-écologique et climatique et que les lycées agricoles ont poursuivi la mise en œuvre des plans régionaux « Enseigner à produire autrement pour les transitions et l’agro-écologie » pour accompagner la réalisation des plans locaux des établissements.
Le « Pacte enseignant » annoncé en avril 2023 par le Président de la République a été pleinement mis en œuvre dans l’enseignement agricole technique dès la rentrée scolaire 2023-2024. Cette mesure a permis de revaloriser la rémunération des professeurs et conseillers principaux d’éducation (CPE) par une augmentation de certaines indemnités, une fluidification du déroulement de carrière et l’exercice de missions complémentaires, sur la base du volontariat, pour améliorer sensiblement le remplacement de courte durée, l’accompagnement des élèves, le fonctionnement des établissements et renforcer la capacité de l’enseignement agricole à accomplir ses missions. 58 % des personnels concernés de l’enseignement agricole technique ont ainsi souscrit au moins à une des missions (briques) du Pacte.
L’enseignement agricole, dont les apprenants représentent 15 % des effectifs de la voie professionnelle en France, tous systèmes éducatifs confondus, s’est pleinement impliqué dans une autre réforme majeure de l’année 2023 portant sur la voie professionnelle. La concertation préalable a permis de mettre en évidence le caractère innovant et précurseur de l’enseignement agricole, tant dans sa gouvernance, que dans son nombre de périodes de stages individuelles ou collectives, ou encore dans sa philosophie axée sur une approche capacitaire. Le ministère de l’Agriculture avait ainsi déjà engagé sa réforme de la voie professionnelle et notamment du bac professionnel (introduction d’une semaine de stage collectif et rénovation du tronc commun d’enseignements). En complément, les aspects relatifs à la gratification d’une allocation financière de l’État destinée aux jeunes de l’enseignement agricole inscrits en CAPA et bac pro en stage, versée en 2024 de manière rétroactive à compter de septembre 2023, s’appliquent pour les élèves de l’enseignement agricole à l’identique de ceux de l’éducation nationale (de 50 à 100 € / semaine de stage en fonction de l’année et du cycle de formation).
L’enseignement agricole est plus qu’un appareil de formation car il offre une approche globale de formation et d’éducation. Il contribue en particulier à transmettre les valeurs de la République, notamment la laïcité et la citoyenneté ainsi que le vivre ensemble. L’enseignement moral et civique est intégré au baccalauréat professionnel, sans réduction du volume horaire consacré aux autres disciplines, qu’elles soient générales, techniques ou professionnelles. Cet enseignement vient compléter utilement l’enseignement socio-culturel, discipline propre à l’enseignement agricole qui témoigne de l’attachement historique et constant du ministère de l’agriculture à l’ouverture au monde de ses apprenants.
L’enseignement agricole est pleinement engagé depuis de nombreuses années dans la lutte contre tout phénomène de harcèlement et de cyber harcèlement. En cohérence avec l’action gouvernementale, la lutte contre le harcèlement et le cyber harcèlement constitue une des 10 priorités pour l’enseignement agricole pour l’année scolaire 2023-2024. Des instructions claires ont été transmises aux services pour formaliser le processus de repérage, de signalement et d’intervention lors de situations de harcèlement et de cyber harcèlement et préciser les mesures à mettre en œuvre pour la prévention et le traitement de toute forme de harcèlement et de cyber harcèlement en établissement.
S’agissant des moyens humains, les crédits dédiés aux assistants d’éducation, qui accueillent et surveillent les élèves, sont en hausse pour, d’une part, aligner le niveau de financement sur celui du ministère chargé de l’éducation nationale et, d’autre part, renforcer les moyens d’encadrement pour tenir compte notamment de la proportion significative d’élèves internes (environ 60 %).
La politique d’inclusion de tous les élèves en milieu scolaire est également une priorité pour l’enseignement agricole où 100 % des demandes d’accompagnement des élèves en situation de handicap sont satisfaites. Ceux-ci bénéficient d’aides humaines, techniques ou organisationnelles dans le cadre de leur scolarisation et d’aménagement lors des sessions d’examens, y compris en contrôle en cours de formation. En 2023, l’effort budgétaire du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire pour le financement de ces accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) été majeur avec une augmentation de la dotation dédiée de 5,2 M€ (+20 %) et une meilleure gestion et professionnalisation des AESH, avec une revalorisation à hauteur de 10 % à partir de la rentrée 2023 de leur rémunération et leur CDIsation au bout de 3 ans d’activité contre 6 ans auparavant. Enfin, un programme de formation dédié aux AESH a également été développé par l’École nationale supérieure de formation de l’enseignement agricole (ENSFEA) du ministère de l’agriculture.
Enfin, l’enseignement agricole, c’est aussi une ouverture marquée sur l’Europe et à l’international. Alors qu’il représente près de 3 % des effectifs scolarisés sur les tranches d’âge correspondantes en France, près de 9 % des crédits alloués par l’agence Erasmus+ France en 2023 l’ont été au bénéfice de l’enseignement agricole technique. Il s’est de nouveau particulièrement impliqué dans des actions de coopération dans le monde entier, en lien direct avec la politique d’influence française. Ces actions ont contribué à l’éducation des jeunes, à la transmission des valeurs de la République et au développement de la fraternité, de l’ouverture culturelle et de la compréhension de l’altérité entre jeunes européens et du monde.
Récapitulation des objectifs et des indicateurs de performance
Objectif 1 : Assurer un enseignement général, technologique et professionnel conduisant à la réussite scolaire et à une bonne insertion sociale et professionnelle
Indicateur 1.1 : Taux de réussite aux examens
Indicateur 1.2 : Taux d'insertion professionnelle
Objectif 2 : Optimiser la gestion de la formation initiale scolaire
Indicateur 2.1 : Dépense de l’État pour la formation d’un élève de l’enseignement agricole technique