OBJECTIF
1 – Participer au rétablissement de la stabilité macroéconomique et à la création des conditions de la croissance des pays en développement |
INDICATEUR
1.1 – Pourcentage de pays dont la soutenabilité de la dette a été rétablie par l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés
(du point de vue du citoyen)
| Unité | 2021 | 2022 | 2023 | 2023 | Atteinte | 2024 |
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Pourcentage de pays qui présentent un risque faible ou modéré de surendettement parmi les bénéficiaires d’un allègement de dette au titre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (indicateur restreint aux pays pour lesquels la France était l’un des cinq premiers créanciers) | % | 50 | 46 | 50 | 50 | cible atteinte | 46 |
Commentaires techniques
Source des données :
La viabilité de la dette des pays considérés est évaluée dans les analyses de viabilité de la dette (AVD / DSA) réalisées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.
Mode de calcul :
Pourcentage de pays qui présentent un risque faible ou modéré de surendettement parmi les bénéficiaires de l’initiative PPTE ayant franchi le point d’achèvement – restreint aux pays pour lesquels la France était l’un des cinq premiers créanciers.
Les DSA classent les PFR en trois catégories de risque de surendettement : élevé, moyen ou faible. Dans une vision prospective, on considère que le critère de soutenabilité est rempli pour les pays classés dans les catégories à risque faible de surendettement (aucun dépassement des plafonds d’endettement sur les 20 ans à venir) ou à risque moyen (dépassement des plafonds uniquement en cas de chocs exogènes). En revanche, un pays présentant aujourd’hui des ratios satisfaisants mais étant considéré comme à fort risque de surendettement (dépassement des seuils plafonds dans tous les scénarios étudiés) est considéré comme ne remplissant pas le critère de soutenabilité.
Analyse des résultats
Fin 2023 (analyses de viabilité de la dette mise à jour au 30 novembre), l’indicateur a atteint 50 %. Cette amélioration s’explique par le passage de la Mauritanie d’une situation de risque élevé de surendettement à une situation de risque modéré. Par ailleurs, le Ghana est désormais en situation de surendettement (auparavant en risque élevé), tandis que le Mozambique et le Tchad ont fait le chemin inverse. À court terme, le principal facteur à l’origine de cette situation difficile est l’environnement économique international, avec la succession de chocs multiples (crise sanitaire, guerre en Ukraine, ainsi que pour certains, des évènements climatiques extrêmes). Ces derniers ont occasionné une forte inflation, et en réponse une augmentation des taux d’intérêt, conduisant à une augmentation des besoins de financement publics (augmentation du service de la dette) et externe (pour les pays importateurs nets) et une appréciation du dollar vis-à-vis des monnaies moins fortes, dans un contexte de croissance molle.
D’un point de vue général, parmi la trentaine de pays ayant bénéficié de l’initiative PPTE, la moitié sont aujourd’hui retombés en risque élevé ou en situation de surendettement. Ceci signifie que le FMI considère que ces pays ont entre 15 et 25 % de chance d’être confronté à un problème de liquidité ou de solvabilité dans les cinq prochaines années. À plus long terme, cette dégradation de l’endettement souverain des pays à faible revenu est due à des facteurs conjoncturels (telle que la crise financière de 2007-2008), à des événements climatiques et sécuritaires, ou encore à des dérapages budgétaires internes — des événements et évolutions sur lesquels notre politique de financement n’a que peu ou pas de prise. Par ailleurs, la vague d’endettement post-PPTE est principalement le fait de créanciers privés (vague de sorties des pays en développement sur les marchés financiers internationaux dans un contexte de taux très faible et d’appétit pour le risque sur la dernière décennie) et de créanciers bilatéraux émergents non membres du Club de Paris (Chine en tête), qui n’ont pas participé à l’initiative PPTE. Dans le même temps, depuis la mise en œuvre de l’initiative PPTE, les pays du G7 (et au-delà les créanciers du Club de Paris) et les institutions financières internationales ont pris des mesures pour éviter un réendettement démesuré des pays ayant bénéficié de l’initiative PPTE — à l’image par exemple de la règle implicite dite « doctrine Lagarde ».
L’environnement économique international reste difficile et incertain, mais il est possible que les vulnérabilités sur la dette souveraine des pays les plus pauvres s’estompent à court terme. D’une part, le cycle d’augmentation des taux d’intérêt pour combattre l’inflation semble avoir atteint son point haut — ce qui a permis à des pays d’Afrique subsaharienne de procéder de nouveau à des émissions obligataires qui s’étaient arrêtées depuis début 2022 : Côte d’Ivoire, Bénin et Kenya. D’autre part, les traitements de la Zambie et du Ghana devraient être reflétés dans les prochaines analyses de viabilité de la dette du FMI et de la Banque mondiale, qui est la source pour calculer l’indicateur.