Benoît BONAIMÉ |
Directeur général de l'enseignement et de la recherche |
Responsable du programme n° 142 : Enseignement supérieur et recherche agricoles |
L’agriculture, l’alimentation et la forêt occupent une place de premier plan dans l’économie et la culture françaises. La mission de l’enseignement supérieur et de la recherche agricoles, portée par la direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) au sein du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, est d’assurer la production et la diffusion de connaissances nouvelles et le développement et l’actualisation des compétences des acteurs privés et publics, nécessaires pour relever les enjeux majeurs dans ces domaines notamment pour les transitions agroécologiques et climatiques. Ces enjeux sont au cœur des préoccupations des citoyens et des États, concernant directement leur sécurité (souveraineté et sécurité alimentaires, adaptation de l’agriculture aux changements climatique, renouvellement des générations, conflits autour de l’usage de l’eau, émergences de nouvelles maladies infectieuses d’origine zoonotique, etc.).
A l’échelle de la planète, un des principaux défis est de nourrir 9 milliards d’individus à l’horizon 2050 dans des conditions respectueuses de l’environnement et de la santé, tout en participant à la lutte contre le changement climatique.
Les objectifs stratégiques du programme sont d’attirer des étudiants motivés, aux profils et origines sociales et géographiques diversifiés, qui constitueront les ingénieurs agronomes, vétérinaires, paysagistes, décideurs, entrepreneurs, experts et innovateurs de demain. L’enseignement supérieur agricole veille à ce que qu’ils bénéficient de modalités et de programmes de formation adaptés à leurs besoins et aux enjeux précités et à renouveler les chercheurs et enseignants, pour que tous contribuent à la souveraineté alimentaire française, en participant aux processus productifs, au renouvellement des générations agricoles en soutenant l’innovation dans les exploitations agricoles et les industries et accompagnent les transitions, notamment la transition agroécologique. L’enseignement supérieur agricole joue son rôle pour relever ces défis dans le cadre du pacte et de la loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOAA) qui sera prochainement présentés au Parlement.
Dans ce cadre, la conduite du programme s’articule donc autour de trois grands axes stratégiques : la qualité des formations, l’efficience de l’organisation des établissements et la valorisation de la recherche.
Ces établissements accueillent plus de 19 000 étudiants à la rentrée universitaire 2023-2024, dont 16 400 en cursus de référence et plus de 55 % dans les établissements publics. Ces derniers forment également les cadres supérieurs techniques du ministère ainsi que les professeurs de l’enseignement technique agricole public. Pour tenir compte de l’augmentation démographique étudiante et des besoins et enjeux dans les secteurs qu’ils irriguent, l’objectif du pacte et de la loi d’orientation et d’avenir agricoles est d’accueillir 75 % d’étudiants vétérinaires et 30 % d’étudiants ingénieurs agronomes supplémentaires à l’horizon 2030 (référence 2017).
L’enseignement supérieur agricole est constitué d’un réseau de seize établissements (dix publics et six privés sous contrat avec l’État) qui assurent, dans le cadre des cursus de référence, des formations d’ingénieurs, de vétérinaires et de paysagistes mais qui offrent également une palette de formations en licence, master et doctorat et de formations continues. Il est complété par l’Institut agronomique méditerranéen de Montpellier (IAMM) du centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM), institution internationale créée par un accord intergouvernemental de 1962 entre pays méditerranéens.
La visibilité et la reconnaissance des formations et des travaux de l’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et de paysage sont reconnues et se traduisent notamment par leur attractivité pour les étudiants, l’excellence des taux d’insertion professionnelle et les places obtenues dans les classements thématiques internationaux.
L’enseignement supérieur agricole est, par nature, un enseignement professionnalisant, dont l’efficacité est mesurée par l’objectif n° 1 du programme : « Former des ingénieurs, des vétérinaires et des paysagistes répondant aux besoins des milieux économiques, formés aux pratiques de la recherche et ouverts sur l’international ». Des parcours et des référentiels de formation adaptés aux besoins et à la diversité des étudiants (travaux pratiques, formation clinique en milieux hospitaliers vétérinaires, projets, stages en milieu professionnel, apprentissage, innovations pédagogiques, etc.) sont établis sur la base des besoins et enjeux du secteur et d’échanges réguliers avec les opérateurs socioéconomiques concernés. Il en résulte un taux net d’emploi après 12 mois dépassant 90 % pour les diplômés de l’enseignement supérieur agricole, dont plus de 70 % en contrat à durée indéterminée.
Concernant la recherche et le transfert agricoles, l’organisme public de recherche qu’est l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et les instituts techniques agricoles et agro-industriels fédérés respectivement au sein des réseaux de l’association de coordination technique agricole (ACTA) et de l’association de coordination technique pour l’industrie agroalimentaire (ACTIA), ainsi que les établissements d’enseignement supérieur agricole sont mobilisés pour contribuer à répondre aux enjeux précités, notamment par des collaborations ciblées sous forme d’unités mixtes technologiques (UMT) et par un appui aux politiques publiques.
L’enseignement supérieur agricole est socialement ouvert et il est accessible à des jeunes issus de milieux ruraux ou socialement peu favorisés : le taux de boursiers dans l’enseignement supérieur long agricole dépasse ainsi 30 %. C’est le résultat d’une politique active de pilotage par le ministère chargé de l’agriculture des concours nationaux d’accès aux écoles publiques de vétérinaires et d’ingénieurs en faveur de la diversité des voies d’accès à l’enseignement supérieur agricole. L’ouverture lors de la rentrée 2021 d’un accès post-bac dans les écoles nationales vétérinaires (ENV) a permis d’élargir encore la base sociale et territoriale de recrutement de ces écoles. L’École nationale supérieur de paysage propose par ailleurs une formation post-bac de paysagiste depuis la rentrée 2020. Le développement de la voie de formation d’ingénieurs par apprentissage, outre son intérêt pédagogique, contribue également au même objectif d’ouverture sociale.
La nouvelle programmation Érasmus+ pour la période 2021‑2027 représente une opportunité pour l’enseignement agricole avec un budget augmenté et plus inclusif, plus vert et plus international, en phase avec les priorités du ministère chargé de l’agriculture.
Malgré l’augmentation de plus de 35 % du nombre d’étudiants vétérinaires accueillis dans les écoles nationales vétérinaires (ENV) d’Alfort, de Lyon, de Nantes et Toulouse, parmi les primo-inscrits à l’Ordre des vétérinaires, plus de 50 % des vétérinaires sont désormais formés à l’étranger et la France est l’un des pays européens qui forme le moins de vétérinaires par rapport à sa population, dans un contexte où le marché des soins vétérinaires est particulièrement dynamique (il pèse plus de 3 Md€ et croît de 4 % par an depuis 2010). Les ENV françaises sont de petites tailles comparées à leurs homologues allemandes dont les promotions comptent 200 étudiants ou plus.
Face à ce constat, l’État a fait le choix de lancer en 2022 un plan de renforcement pluriannuel des ENV qui permettra d’atteindre rapidement l’augmentation attendue des effectifs de vétérinaires mis sur le marché de l’emploi, via les creusets scientifiques et pédagogiques que constituent ces écoles, à moindre coût grâce aux économies d’échelle permises par les établissements existants, tout en respectant les exigences de qualité des standards européens. L’année 2024 constitue la troisième annuité de ce plan de renforcement qui conduit progressivement à des promotions annuelles de 180 étudiants, recrutés sur concours, en favorisant la diversité sociale et géographique des lauréats.
L’objectif n° 2 du programme 142 (« Organiser les formations dans des conditions optimales de coût et de qualité de service ») vise à l’organisation des formations dans des conditions optimales de coût et de qualité de service. L’implantation des quatre sites franciliens d’AgroParisTech et des laboratoires associés de l’INRAE sur le plateau de Saclay est désormais opérationnelle depuis la rentrée universitaire 2022/2023 comme première année des étudiants, apprentis et doctorants d’AgroParisTech dans ces nouveaux bâtiments aux meilleurs standards en matière pédagogiques et scientifiques qui comptent 63 000 m².
Dans le cadre du contrat de plan État-région 2021-2027, le programme 142 poursuit le financement de l’entretien, dont la mise aux normes en matière de sécurité, ainsi que le renouvellement du patrimoine immobilier et scientifique des établissements publics d’enseignement supérieur, de façon à préserver la qualité des implantations dans les régions et métropoles.
D’autres actions concourant à l’atteinte de cet objectif seront mises en place, afin de poursuivre la modernisation du pilotage des établissements d’enseignement supérieur, en renforçant encore le contrôle interne et la comptabilité analytique, et en généralisant la contractualisation d’objectifs et de performance.
L’enseignement supérieur agricole s’insère dans les regroupements territoriaux ainsi que dans les dispositifs du Programme d’investissements d’avenir (PIA) devenu France 2030 : les établissements sont ainsi membres à part entière, ou associés, aux regroupements de sites et participent à la mise en place des Initiatives d’excellence (Idex) et Initiative-Science‑Innovation-Territoire-Économie (I-SITE) retenus. Ils contribuent activement aux deux stratégies de France 2030 « Systèmes agricoles durables et équipements agricoles contribuant à la transition écologique » et « Alimentation durable et favorable à la santé ».
Récapitulation des objectifs et des indicateurs de performance
Objectif 1 : Former des ingénieurs, des vétérinaires et des paysagistes répondant aux besoins des milieux économiques, formés aux pratiques de la recherche et ouverts sur l'international
Indicateur 1.1 : Taux d'insertion des diplômés
Objectif 2 : Organiser les formations dans des conditions optimales de coût et de qualité de service
Indicateur 2.1 : Dépense de l'Etat pour la formation d'un étudiant de l'enseignement supérieur agricole
Objectif 3 : Développer la valorisation de la recherche vers les secteurs professionnels et l'appui aux politiques publiques
Indicateur 3.1 : Nombre d’opérations collectives portées par INRAE mobilisant une expertise scientifique en appui aux politiques publiques par an