
Antoine SEILLAN, ancien chef du bureau des transports, actuel directeur financier du CNES
À l’honneur de notre série « Portraits de budgétaires depuis 1919 » aujourd’hui, Antoine SEILLAN, ancien chef du bureau des transports, actuel directeur financier du centre national d'études spatiales (CNES).
Diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, titulaire d’un master of science de la London School of Economics, Antoine SEILLAN est ancien élève de l’ENA (promotion « Nelson Mandela »).
Il rejoint la direction du Budget à sa sortie de l’ENA en 2001 et intègre le bureau 6B (politique des transferts sociaux) en qualité d’adjoint au chef de bureau. Antoine SEILLAN effectue sa mobilité de 2005 à 2007 au sein du département du pilotage et des relations stratégiques de la direction de la stratégie de l’Agence française de développement (AFD). De 2007 à 2010, il est détaché auprès de la Commission européenne, et exerce la fonction de conseiller commercial et investissement à la délégation de l’Union européenne de Pékin (Chine). Antoine SEILLAN revient à la DB en 2010 en qualité de chef du bureau 4BT, responsabilité qu’il exerce 4 ans.
Il est, depuis 2014, directeur financier du CNES.
La direction du Budget : « Pour vous, c’est quoi être budgétaire ? »
Antoine SEILLAN : « « Être budgétaire, c’est veiller au respect de l’équilibre budgétaire pour garantir la soutenabilité des finances publiques. Notre rôle est d’aider le décideur à trouver des solutions. Travailler à la DB, c’est être au cœur de la décision. La direction du Budget est une école d’exigence et de rigueur dans le travail, sur la base de deux principes simples : rapidité et justesse. C’est aussi un des meilleurs endroits pour comprendre la manière dont sont prises les décisions dans la sphère publique - ce qui m’aide encore aujourd’hui.
La direction est aussi formatrice et inspirante ; l’« esprit budgétaire » aide à structurer son raisonnement, à adopter le bon timing dans le processus de décision, et à négocier, dialoguer, interagir avec ses interlocuteurs.
Quand on sort de l’ENA, on a, a priori, une envie réelle de participer à la mise en œuvre de politiques publiques ! Si l’on veut comprendre et vivre la décision publique, si l’on souhaite se confronter à l’action publique et évoluer au plus près de l’appareil administratif mais aussi politique, la DB est l’endroit rêvé. Je me souviens d’ailleurs d’un projet de loi que j’ai suivi de bout en bout, de sa conception aux longues soirées de débat à l’Assemblée et au Sénat, jusqu’au Conseil constitutionnel, et dont la rapporteuse au Conseil était Simone VEIL : quel honneur de rencontrer cette illustre personnalité ! »
La DB : « Quelle grande réforme, quelle politique publique à laquelle vous avez contribué vous laisse un souvenir marquant ? »
AS : « Les réformes ne nous appartiennent pas, mais trois anecdotes me viennent à l’esprit. D’abord l’angoisse du débutant, de m’être trompé dans les calculs de mon tout premier tableau lorsque mon conseiller budgétaire m’a indiqué qu’il avait été glissé à la dernière minute dans le dossier du Premier Ministre pour une conférence de presse...Ensuite, mes fonctions d’administrateur du Fonds d’Indemnisation des Victimes de l’Amiante, dans le CA duquel j’avais pour mandat de modérer les propositions de barème d’indemnisation : il faut être très préparé et disposer d’un solide d’argumentaire pour prendre la parole et défendre ces positions face aux associations de victimes. Enfin, peu de temps avant mon départ de la DB, mon audition sous serment, devant la commission d’enquête du Sénat sur l’Ecotaxe poids lourds. Une audition très éprouvante pendant laquelle, heureusement, la captation vidéo était en panne ! »
La DB : « Un de vos regrets, si c’était à refaire ? »
AS : « Si c’était à refaire…je le referais sans hésiter car je dois mes compétences financières et budgétaires, et une bonne partie de mon identité professionnelle, à la DB ainsi qu’à toutes celles et ceux que j’y ai côtoyés, qui m’ont encadré ou dont j’ai été le chef de bureau pendant ces huit années. Mais je ferais aussi l’effort de rencontrer davantage d’interlocuteurs : patronat, syndicats, parlementaires, élus locaux, chercheurs, organisations internationales… Le calendrier budgétaire est une véritable lessiveuse et le travail du budgétaire reste somme toute assez solitaire. Mais il faudrait dégager un peu de temps pour tout cela. »
La DB : « Votre talent insoupçonné, votre passion, une expérience de vie insolite ? »
AS : « Une passion pour la Chine et langue chinoise. Lorsque je travaillais à la DB, j’ai presque toujours réussi à ménager quelques heures pour les cours de Chinois à l’IGPDE ! »