
Louis SCHWEITZER, ancien sous-directeur de la DB et ancien président-directeur-général de Renault
À l’honneur aujourd’hui de notre série « Portraits de budgétaires depuis 1919 », Louis SCHWEITZER, ancien sous-directeur de la direction du Budget, et ancien président-directeur-général de Renault.
Louis SCHWEITZER est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et est un ancien élève de l’École nationale d’administration (promotion « Robespierre »). En 1970, Louis SCHWEITZER, inspecteur adjoint des finances, est mis à la disposition du ministre de la Santé publique et de la Sécurité sociale, et est affecté à l’administration générale de l’Assistance publique de Paris.
Il réintègre l’Inspection générale des finances en 1971, jusqu’en 1974. Il intègre la direction du Budget, la même année. Louis SCHWEITZER est nommé, en 1979, sous-directeur de la 2e sous-direction (personnel civil et militaire de l’État) de la direction du Budget. De 1981 à 1983, il devient directeur du cabinet du ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget (Laurent FABIUS) et reste son directeur de cabinet lorsque ce dernier devient ministre de l’Industrie et de la Recherche. Il dirige également le cabinet de Laurent FABIUS, Premier ministre, de 1984 à 1986. Louis SCHWEITZER rejoint la Régie nationale des usines Renault en 1986. Jusqu’en 1992, il exerce successivement les fonctions de directeur adjoint puis directeur de la planification et du contrôle de gestion, directeur financier et du plan et enfin directeur général adjoint, puis directeur général.
De 1992 à 2005, Louis SCHWEITZER en est le président-directeur général. À partir de 2005, il préside le conseil d’administration du Festival d’Avignon.
De 2005 à 2010 il est président de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE). Louis SCHWEITZER est également depuis 2011, Président d’Initiative France. Louis SCHWEITZER est commissaire général à l’investissement de 2014 à 2018.
Louis SCHWEITZER s’engage, en 2012, dans des ONG de défense du droit animal et devient à ce titre membre du conseil national de l’alimentation, en 2019.
La direction du Budget : « Pour vous, c’est quoi être budgétaire ? »
Louis SCHWEITZER : « Lorsque je suis entré à la direction du Budget, en 1974, le budget n’était pas organisé comme aujourd’hui. Seule la 1re sous-direction préparait le budget de l’État. Les autres bureaux ne s’occupaient pas du budget. J’étais aux transports où l’on s’occupait principalement des tutelles. J’y ai appris que le budgétaire, ce n’est pas un homme, ou une femme, qui ne réalise que des économies, mais quelqu’un au cœur de l’État, avec une vraie capacité d’agir pour le rendre plus utile. À l’époque, être budgétaire ce n’était pas dire non, mais au contraire, c’était le pouvoir de dire oui. Le « oui » d’un agent de la direction du Budget engageait tout l’État. Il était cependant essentiel d’expliquer la décision de la direction, dans son rapport au pouvoir, lorsqu’elle disait oui, ou qu’elle imposait un non. Être budgétaire, cela voulait dire que l’on avait une vraie capacité de dialogue, un vrai sens du service public. Je crois au service public, j’aspire à ce qu’il soit reconnu comme efficace. Le budgétaire jouit du privilège inouï d’être au cœur de l’État. Il y a des interlocuteurs exceptionnels et une grande autonomie d’action. La direction du Budget est le lieu où vont les meilleurs, un lieu reconnu pour son excellence. Elle est aussi synonyme d’innovation et de coopération ».
La DB : « Quelle grande réforme, quelle politique publique à laquelle vous avez contribué vous laisse un souvenir marquant ? »
L.S : « J’ai été durant cinq ans au bureau des transports où j’étais avec Isabelle BOUILLOT, qui deviendra plus tard la première femme directrice du Budget. C’est une période de bonheur, où nous avons négocié les contrats de plan de la RATP, de la SNCF, d’Air France et de la Compagnie générale Maritime, en faisant un effort pour faire appliquer ces contrats. L’objectif principal était de redonner plus de liberté et de responsabilité aux entreprises. La première note qu’on m’a demandée de rédiger portrait sur la carte orange et j’avais reçu instruction de me positionner contre. En recevant la note, Paul Déroche, le directeur du Budget m’a demandé quelle était ma position personnelle. Je lui ai dit que j’étais pour la carte orange et il m’a dit d’exprimer mon opinion. C’est ainsi que la direction du Budget a contribué à la création de la carte orange. […]
J’évoquerais un deuxième souvenir, Jean-Pierre FOURCADE étant alors ministre des Finances et donc du Budget. On parlait de la première ligne TGV Paris-Lyon. La DB était convaincue du bienfondé de la ligne, mais cela coinçait au plus haut niveau. Finalement, on a réussi à avoir gain de cause. Le TGV a été financé en grande partie par la relance et est devenue une dépense budgétaire financièrement rentable. À la deuxième sous-direction j’ai eu comme collaborateur Daniel BOUTON et Christophe BLANCHARD-DIGNAC, futurs directeurs du Budget. Dans les années 90, il y a aussi la gestation de la LOLF qui s’est organisée lors d’une réunion des anciens du Budget, autour de Daniel BOUTON, Olivier BAILLY, et moi-même, sur les objectifs de la réforme. Nous étions partisans de revoir l’ordonnance de 1959. À l’époque, la direction du Budget était contre. Laurent FABIUS, qui était alors président de l’Assemblée nationale, a créé une commission, qu’il a présidée lui-même, avec comme rapporteur Didier MIGAUD. Il a ensuite suivi la proposition de loi très proche de nos propositions, étant devenu ministre des Finances entre temps. »
La DB : « Un de vos regrets, si c’était à refaire ? »
L.S : « La LOLF a été conforme à ce que nous souhaitions, mais, je dois bien le dire, je suis déçu de son application. »