
Leïla, une budgétaire en route pour Bruxelles
Dans quelques semaines, Leïla quittera la direction du Budget pour rejoindre la Commission européenne en tant qu’experte nationale détachée. Avant son départ, elle revient sur son expérience, ses missions et les défis qui l’attendent à Bruxelles.
Comment es-tu arrivée à la direction du Budget ?
Depuis mes études, l’Europe a toujours occupé une place importante dans mon parcours. Diplômée en droit avec une spécialisation en droit de l’Union européenne, j'ai occupé plusieurs postes en lien avec l'UE avant de rejoindre la direction du Budget. J'ai d'abord travaillé en cabinet d'avocat sur la régulation bancaire et financière européennes, puis au ministère de la Justice sur la transposition d’une directive européenne. J’ai ensuite rejoint la représentation permanente de la Commission européenne à Paris.
En 2020, j’ai réussi le concours d’attaché d’administration de l’État et j’ai intégré la direction du Budget au sein du bureau de la Justice et des Médias de la 8e sous-direction. Ce premier poste, particulièrement formateur, m’a permis de découvrir les mécanismes budgétaires et les enjeux liés aux politiques sectorielles. Deux ans plus tard, j’ai intégré le bureau des finances et des politiques de l’Union européenne, rattaché à la 7ᵉ sous-direction. Durant plus de deux ans, j’ai assuré la coordination de la stratégie de mobilisation des fonds européens afin de rapprocher les financements européens des financements nationaux. J’ai participé aux négociations annuelles en vue de l’élaboration du budget européen et suivi plusieurs politiques publiques sectorielles européennes telles que les politiques de cohésion, sociale, culturelle et les dépenses administratives de l’UE et de ses institutions.
Pendant ces années, j’ai également été mobilisée sur les aspects pluriannuels du budget de l’UE en participant à la négociation de la révision à mi-parcours du cadre 2021-2027 et à la préparation des travaux en vue de la négociation du prochain cadre financier pluriannuel. Enfin, j’ai contribué à la rédaction du « Jaune budgétaire », annexe du PLF, sur les relations financières entre la France et l’Union européenne. Chaque année, ce document fournit à la représentation nationale les éléments nécessaires à la compréhension de la contribution de la France au budget de l’Union européenne. Grâce à ces missions, j’ai développé des compétences d’organisation, de méthodes, d’analyse et de synthèse de qui me permettent aujourd’hui de franchir une nouvelle étape de ma carrière, à la Commission européenne.
Pourquoi pars-tu à Bruxelles ?
En mars, je rejoindrai la direction du Budget de la Commission européenne en tant qu’experte nationale détachée. Mon rôle consistera à suivre et contribuer aux négociations du prochain cadre financier pluriannuel (CFP), qui définit les grandes orientations budgétaires de l’Union européenne pour 2027-2034. Cette séquence budgétaire est importante car elle fixe les plafonds de dépenses pour sept années et conditionne la mise en œuvre des politiques européennes.
Pour moi, ce poste constitue une opportunité de voir de l’intérieur une négociation cruciale pour l’avenir de l’Europe, confrontée à des défis nombreux tels que la Défense, la compétitivité européenne, les questions d’élargissement et cela dans un contexte de finances publiques contraintes pour la plupart des États membres. Je trouve passionnant l’idée de voir comment se construit le futur budget européen pluriannuel et quelles sont les dynamiques de négociation entre la Commission, les États membres et les autres institutions européennes.
Un poste de fonctionnaire détaché est le fruit de la collaboration entre un pays membre et la Commission européenne. Il souligne l’importance de renforcer et de fluidifier les liens et les échanges entre administrations nationale et européenne. C’est assurément le gage d’une meilleure compréhension mutuelle des enjeux budgétaires !

Quels défis t’attendent à la Commission européenne ?
Travailler sur le cadre financier pluriannuel signifie anticiper et structurer les grandes priorités budgétaires de l’Union européenne. Parmi elles, on retrouve le soutien à l’Ukraine et la gestion des conséquences du conflit, le futur de la politique agricole commune et de la politique de cohésion, les enjeux de compétitivité économique, la transition écologique, le financement de la Défense européenne ou encore les nouvelles ressources propres.
Ces négociations sont complexes : chaque État membre défend ses propres priorités, souvent divergentes au sein de l’Union, tout en cherchant à aboutir à un compromis global. La Commission joue un rôle central dans cet équilibre, en conciliant les demandes nationales et les objectifs stratégiques de l’Union. Mon défi sera donc d’apporter mon expertise budgétaire et mon regard analytique, tout en m’adaptant à cette dynamique européenne.
Et après cette mission ?
Je vois cette mobilité comme une opportunité d’apprentissage et d’enrichissement professionnel. Elle me permettra d’acquérir une vision plus large des enjeux budgétaires européens et de renforcer mes compétences en négociation financière. Je vais en profiter pour approfondir ma connaissance des relations institutionnelles européennes !
Pour la suite, rien n’est encore décidé. Revenir en France ? Poursuivre mon parcours à Bruxelles ? Présenter les concours européens ? Toutes les options restent ouvertes.
Une chose est sûre : que ce soit en France ou en Europe…Budgétaire un jour, budgétaire toujours !