Sabrina, ou le contrôle de gestion en Outre-mer
Du secteur privé aux concours de la fonction publique de l’État… Sabrina a rapidement évolué dans les finances publiques. Dans cette interview, elle nous dévoile sa trajectoire financière et budgétaire, les missions qui lui sont confiées à la DEETS de Mayotte et les défis de son métier !
Quel a été votre parcours avant de rejoindre la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, la DEETS de Mayotte ?
Après quatre années dans le secteur privé au sein d’une société de recouvrement, j'ai choisi de rejoindre la fonction publique de l'État en présentant les concours de catégorie B. Lauréate, et déjà en poste, j’ai par la suite, présenté le concours de catégorie A, et ai réussi le concours des IRA, les Instituts régionaux d’administration. Mon parcours professionnel m'a ensuite amenée à naviguer entre divers postes au sein de plusieurs administrations, avant de découvrir le métier de gestionnaire dans un établissement scolaire.
J’ai particulièrement aimé cette fonction qui regroupe toutes les missions que je recherchais dans un poste : multiplicité des tâches, autonomie, transversalité, responsabilité, management et gestion des imprévus, un défi stimulant ! La gestion d’un budget requiert d’être prévoyant car il faut anticiper les échéances budgétaires, mais aussi être convaincant pour expliquer et prioriser les projets prévus et portés. J’aimais aussi rechercher des solutions ou des subventions pour permettre aux projets non financés par l’État de pouvoir tout de même se réaliser !
Après la crise du Covid, en famille, nous avons décidé de vivre une nouvelle aventure pour découvrir la vie insulaire. J’ai alors décidé d’accepter un poste de chargée de mission coordination et partenariat au sein de la DEETS de Mayotte. J’y étais en charge de la gestion de 4 Budgets Opérationnels de Programmes (BOP) au sein du service Entreprises emploi et compétences.
Mon évolution a été rapide, puisque j’ai récemment été nommée adjointe au responsable contrôle de gestion et audit. Je suis passée de la gestion d’un petit budget de fonctionnement d’un établissement, au suivi et au pilotage de 15 BOP couvrant une grande diversité de missions budgétaires au sens de la LOLF. Par exemple, ils concernent les missions regroupant les programmes budgétaires liés au travail et à l'emploi, à l'immigration, à l'asile et à l'intégration, à la solidarité, à l'insertion et à l'égalité des chances, à l'économie, à la cohésion des territoires, à l'administration générale et territoriale de l'État, ainsi qu'au plan de relance. Cela me permet d’avoir une vision globale des actions. J’ai ainsi le sentiment d’être au cœur des projets de politiques publiques. Cela me permet d’apporter ma pierre à l’édifice et de participer pleinement à la vie citoyenne.
Pouvez-vous nous décrire votre rôle au sein de la DEETS de Mayotte ?
En tant qu’adjointe au responsable contrôle de gestion et audit, je m’assure de la bonne exécution et de la qualité des dépenses réalisées en conformité avec la loi organique relative aux lois de finances (LOLF). J’évalue ainsi l’efficacité des contrôles internes au sein de chaque service et j’interviens pour mettre en œuvre des processus d’amélioration de la dépense dans un souci de maîtrise des risques. C’est un véritable challenge !
J’ai tendance à penser que chaque personne arrive à créer son poste selon ses envies et ses capacités. Certes, je dispose d’une fiche de poste précise mais il ne tient qu’à moi de la rendre attractive et d’en faire un atout pour ma carrière professionnelle. J’aime transmettre mon intérêt pour mon métier. J’espère rapidement devenir suffisamment experte dans mon domaine budgétaire et financier et pouvoir faire de la formation auprès de nouveaux collègues.
Comment le métier de budgétaire évolue-t-il et quels en sont les défis ?
Les restrictions budgétaires, toujours plus fortes d’année en année, demandent encore plus de rigueur dans notre gestion et dans les solutions pour boucler le budget sans être en déficit : c’est un vrai défi à relever. Pour autant, notre métier est indispensable. Aucune structure ne peut fonctionner sans budget. Cette fonction est la pierre angulaire de la bonne exécution des politiques publiques.
Par ailleurs, la nouvelle responsabilité des gestionnaires publics réaffirme le principe de séparation de l’ordonnateur et du comptable et supprime la seule responsabilité du comptable en cas de problème. Chaque gestionnaire public est désormais responsable de ses actions. Cette nouveauté représente également un enjeu.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui envisagent une carrière dans les métiers budgétaires et financiers ?
Ce sont des métiers riches et d’avenir. Les fonctions budgétaires et financières sont passionnantes et permettent d’avoir de nombreux échanges avec des interlocuteurs variés tels les collègues de l’administration centrale, les responsables de programme ou les budgétaires en interministériel, les porteurs de projets, les citoyens…
On retrouve ces métiers dans toutes les administrations au service de l’État. Les mobilités géographiques ou de fonctions sont nombreuses : responsable administratif et financier, gestionnaire d’un établissement public local d’enseignement, gestionnaire de BOP, responsable de BOP, contrôle interne, audit…
Enfin, je conseille à tous ceux qui cherchent à s’investir dans des missions avec un impact dans les politiques publiques de ne pas hésiter à se lancer. Les fonctions budgétaires permettent d’accéder à des postes très variés et offrent des possibilités de carrières inspirantes !